Gen Z en 2024 : Pourquoi la téléphonophobie s’installe chez les jeunes

par Angela
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Gen Z en 2024 : Pourquoi la téléphonophobie s’installe chez les jeunes

La téléphonophobie : Un fléau chez les jeunes de la Gen Z

« Gaston, y’a l’téléphone qui sonne et y’a jamais personne qui y répond. » Cette phrase emblématique de Nino Ferrer résume parfaitement la tendance actuelle chez les jeunes. En 2024, une étude de Uswitch révèle qu’un quart des jeunes âgés de 18 à 34 ans ne répondent jamais au téléphone. Avec 60 % d’entre eux préférant recevoir un message, que ce soit par SMS ou via des applications de messagerie, nous assistons à un changement de paradigme dans notre façon de communiquer.

Fini les batailles pour le téléphone

À une époque où chacun se battait pour avoir accès au seul téléphone fixe de la maison, aujourd’hui chaque jeune possède son propre smartphone. Cette évolution technologique a engendré l’émergence d’une génération de « textoteurs », qui utilise le téléphone principalement pour envoyer des messages textes, tout en réservant les appels pour des situations jugées urgentes. Comme le souligne la BBC, le début de l’ère mobile voyait des tarifs d’appels prohibitifs, ce qui a favorisé l’utilisation des SMS, rendant les communications écrites bien plus courantes.

Les appels : symbole d’anxiété

Interrogée par Uswitch, la psychothérapeute Eloise Skinner met en lumière que recevoir un appel téléphonique est devenu anxiogène. Les jeunes associent souvent cet acte à des moments d’appréhension ou à de mauvaises nouvelles. En effet, l’étude révèle qu’un impressionnant 56 % des jeunes s’attendent à une mauvaise nouvelle en réceptionnant un appel inattendu. Dans notre quotidien de plus en plus chargé, les appels se réduisent à des informations cruciales, comme des nouvelles importantes, souvent difficiles à aborder.

Une communication diversifiée : entre messagerie et audios

Malgré ce recul des appels, les jeunes ne coupent pas les liens. La majorité des échanges se déplacent désormais vers des plateformes de messagerie comme WhatsApp, Messenger et les réseaux sociaux tels que Instagram et Snapchat. Sur ces plateformes, un mélange de messages, de photos et de GIFs irrigue notre récit quotidien.

Les messages audio, objets de débats parmi les utilisateurs, évoquent des sentiments ambivalents. Pour certains, ils représentent une méthode de communication infinitésimale, sans pression de réponse immédiate. Pour d’autres, ils sont perçus comme une perte de temps, particulièrement lorsque des messages vocaux de plusieurs minutes auraient pu être condensés en quelques lignes. Selon l’étude de Uswitch, 37 % des jeunes préfèrent communiquer par audio, tandis que seulement 1 % des 35-54 ans adoptent cette méthode.

Les conséquences de la téléphonophobie au travail

Mais cette « téléphonophobie » ne s’arrête pas à la vie personnelle. Dans le monde professionnel, cette tendance devient préoccupante. La psychologue Elena Touroni suggère que les appels téléphoniques imposent un niveau d’intimité plus élevé et ont tendance à exposer les interlocuteurs. Ainsi, beaucoup préfèrent la messagerie, perçue comme étant moins intrusive, permettant de gérer la communication sans l’angoisse qu’un appel peut engendrer.

Eloise Skinner rajoute : « Les jeunes ressentent de plus en plus le besoin de protéger leur temps. Appeler quelqu’un nécessite d’interrompre sa journée et de consacrer son attention à la discussion, ce qui peut être complexe pour ceux qui jonglent avec de multiples tâches. » Dans un environnement où la concentration est parfois plus faible que celle de précédentes générations, la question de la perte de la communication informelle et des conversations impromptues s’éclaire.

Un avenir radieux ou une déconnexion inéluctable ?

Alors que nous nous dirigeons vers un monde marqué par la communication non verbale et le télétravail, la crainte de perdre le lien émotionnel et la proximité entre collègues est présente. Eloise Skinner met en garde : « Si cette tendance continue, nous pourrions voir s’effriter le sentiment de connexion. La communication verbale renforce souvent une compréhension émotionnelle et personnelle, essentielle dans le cadre professionnel. »

Les sceptiques pourraient voir cette évolution comme une manifestation de la fragilité émotionnelle de la nouvelle génération. Néanmoins, le changement de communication s’apparente davantage à une question d’adaptation, à l’instar du passage du fax à l’e-mail dans les années 90. Peut-être est-il temps de célébrer le texte, de reconnaître son efficacité et, tout comme nous avons laissé derrière le fax, de faire de même avec les appels téléphoniques ?

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