Féminicide : le mari avoue 33 ans après mais échappera à la justice ?

par Olivier
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Féminicide : le mari avoue 33 ans après mais échappera à la justice ?
France

L’essentiel

Pascal Delaunay a confessé en 2022 avoir tué sa femme, Marlaine Marquis, trente-trois ans après les faits survenus en octobre 1989. Malgré ces aveux, cet homme de 65 ans pourrait ne jamais être jugé en raison du délai de prescription de cette infraction. Le parquet a récemment recommandé un non-lieu, laissant le juge d’instruction décider de l’avenir de ce dossier.

Après avoir gardé le silence pendant plus de trois décennies concernant , Pascal Delaunay semble échapper à la justice en raison du délai de prescription des crimes. En effet, l’infraction, commise en octobre 1989, est restée sous le radar des autorités judiciaires pendant des années. Dans un réquisitoire rendu le 21 janvier dernier, le procureur de la République de Caen a affirmé que les faits étaient prescrits, comme l’a confirmé une source concordante de Le Parisien.

Il est essentiel de remonter à octobre 1989 pour saisir l’ampleur de cette affaire. À cette époque, le mot « » n’existait pas encore. Les violences conjugales n’évoquaient guère l’intérêt des médias ni des autorités. Lorsque Marlaine Marquis, une jeune mère de 23 ans, disparaît dans l’Orne, son mari, Pascal Delaunay, assure qu’elle les a abandonnés, lui et leurs deux enfants, Valentin, âgé de 3 ans, et Victoria, âgée de six mois. À ceux qui s’inquiètent, il avance diverses thèses, prétendant qu’elle serait partie recommencer sa vie, soit dans le Sud de la France, soit en Espagne.

Affaire de Marlaine Marquis

Une version contestée

Cette explication fut acceptée sans réserve par l’entourage et par les autorités judiciaires. Malgré le fait que Marlaine ait eu une relation extra-conjugale, connue de tous, son absence suscite peu d’inquiétude. Un rapport de l’aide sociale à l’enfance de novembre 1989 conclut qu’elle a quitté le domicile familial et ne cherche pas à entrer en contact avec ses enfants. Six mois plus tard, le tribunal pour enfants acte que « Valentin et Victoria ont été abandonnés par leur mère ».

Ce n’est qu’à l’été 2021, soit 32 ans après la disparition, que la situation commence à évoluer. Les enfants, désormais adultes, remettent en question la version de leur père concernant une fuite volontaire et contactent le procureur. « La démarche de ma cliente s’inscrit en premier lieu dans une volonté de comprendre ce qu’il s’est passé », précise Me Géraldine Vallat, l’avocate de Victoria. Des investigations récentes montrent que Marlaine n’a laissé aucune trace depuis sa disparition en 1989. Cela entraîne l’ouverture d’une enquête judiciaire en avril 2022, et Pascal Delaunay est placé en garde à vue le mois suivant.

Avis déconcertants et aveux tardifs

Après avoir gardé le silence pendant tant d’années, Pascal Delaunay finit par avouer aux enquêteurs qu’au cours d’une dispute en octobre 1989, il a étranglé sa femme avec un fil de téléphone. Il déclare avoir dissimulé son corps à proximité de leur domicile. Malgré plusieurs fouilles, le corps de Marlaine n’a jamais été retrouvé. Me Yasmina Belmokhtar, l’une des avocates de Delaunay, n’a pas souhaité commenter l’affaire.

Le juge d’instruction doit désormais trancher sur l’avenir judiciaire de ce dossier. À l’époque des faits, le délai de prescription pour le meurtre était de dix ans, contre vingt aujourd’hui. Même si Pascal Delaunay a avoué, cela ne change rien au principe de prescription. Une possibilité légale, le concept de « l’infraction occulte », pourrait théoriquement prolonger le délai, mais le parquet s’est opposé à cela, citant un arrêt de la Cour de cassation stipulant que la dissimulation d’un corps ne constitue pas, en soi, un obstacle à la révélation du crime.

Conséquences personnelles

Malgré les révélations de leur père, Victoria et son frère entretiennent encore des liens avec lui. Victoria reconnaît la complexité de la situation : « Je sais que ça peut évidemment paraître bizarre car ce qui s’est passé est grave, mais c’est mon papa […] On continue de se voir, rien n’a changé », confie-t-elle à Ouest France.

Selon son avocate, l’éventualité d’un non-lieu n’a pas surpris Victoria, qui était préparée depuis le début de la procédure à cette possibilité. « Elle n’est pas à la recherche d’une sanction ; il s’agissait avant tout de retrouver le corps de sa mère pour lui offrir une sépulture, et bien que cela n’ait pas été possible, toutes les démarches ont été entreprises », conclut Me Géraldine Vallat.

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