
Le meurtre brutal et troublant d’Elizabeth Short, aspirante actrice de 22 ans dont le corps mutilé fut découvert dans un terrain vague à Los Angeles le 15 janvier 1947, s’est inscrit dans la mémoire collective comme un sinistre symbole. Glynn Martin, ancien policier de LAPD et historien, qualifiait cette affaire de « cliché triste — un récit d’avertissement ultime » : une jeune fille pleine d’espoir venant à Hollywood, dont le destin tourne tragiquement.
Au-delà de l’image d’Hollywood ternie, plusieurs éléments ont contribué à faire de ce crime un phénomène national. Tout d’abord, le surnom « Black Dahlia », popularisé par la presse, fut choisi en référence à sa prédilection supposée pour les vêtements noirs transparents et au film d’époque Blue Dahlia. Ce sobriquet donna une notoriété plus grande à l’affaire que le nom même d’Elizabeth Short.
Plus saisissant encore furent les détails macabres concernant l’état du corps : le cadavre avait subi une hémicorporectomie, c’est-à-dire une coupe nette sous la colonne lombaire — la seule manière de sectionner le corps en deux sans briser les os. Ce niveau extrême de mutilation, ainsi que la mise en scène du corps, dénué de sang et « posé » de manière très précise, ont alimenté les spéculations quant à une connotation rituelle derrière ce crime effroyable.
La mise en scène macabre du corps d’Elizabeth Short

Les photographies de la scène de crime témoignent d’une égale horreur et révèlent une précision chirurgicale, qui laisse penser que le meurtrier possédait des connaissances anatomiques avancées. Le corps d’Elizabeth Short fut vidé de son sang, astucieusement nettoyé et arrangé de manière presque artistique malgré l’atrocité du geste.
Un hommage suspect à Man Ray ?

Malgré plus de 500 fausses confessions recensées jusque dans les années 1990, aucun coupable n’a jamais été officiellement inculpé. Parmi les nombreuses théories, l’une des plus troublantes émane de Steve Hodel, ancien enquêteur spécialisé dans les homicides, qui affirme que le meurtrier est son propre père, George Hodel. Médecin de profession, ce dernier aurait eu les compétences pour découper le corps de la manière observée.
Plus étonnant encore, George Hodel était proche de Man Ray, figure majeure du surréalisme, et Steve Hodel suggère que les mises en scène macabres du cadavre s’inspireraient directement des œuvres artistiques de son ami. Deux photographies célèbres de Man Ray, Les Amoureux et Minotaure, présentent en effet des analogies frappantes avec la disposition du corps mutilé d’Elizabeth Short.
Selon cette théorie, le crime serait une sorte « d’hommage » surréaliste, une réalisation horrifiante destinée à devenir une œuvre immortelle dans l’histoire du crime. Malgré son audace, cette hypothèse n’a jamais été retenue officiellement par les autorités, et l’affaire demeure ouverte, nourrissant toujours le mystère autour du destin tragique de la Black Dahlia.
