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Le quotidien dans les transports en commun, marqué par le brouhaha, la promiscuité et les bousculades, exerce une pression considérable sur la santé mentale des Français. Cette réalité, pourtant omniprésente, demeure rarement prise en compte dans les politiques publiques, souvent focalisées sur des considérations techniques, économiques ou environnementales. Une récente étude menée auprès de 3 300 Français par l’Ifop met en lumière l’impact psychique profond lié aux difficultés de déplacement.
Les résultats révèlent que le stress, les troubles du sommeil, les symptômes dépressifs, jusqu’aux accès de colère violente, sont fréquemment associés à la contrainte quotidienne du transport. Pour une grande partie de la population, se déplacer ne devient plus synonyme de liberté mais de véritable poids psychologique.
Un impact plus accentué chez les jeunes
La souffrance mentale liée aux déplacements affecte particulièrement les plus jeunes. Parmi les personnes ayant souffert de symptômes dépressifs ou de troubles du sommeil, 41 % considèrent leurs difficultés de transport comme un facteur contributif. Ce pourcentage augmente à 43 % pour les populations éprouvant du stress, de l’anxiété ou un burn-out, et atteint 46 % chez celles vivant des épisodes de colère intense.
Les 18-34 ans sont plus nombreux à estimer que les trajets quotidiens — entre domicile, travail ou études — pèsent sur leur santé mentale, avec 35 % d’entre eux concernés, contre 22 % pour les personnes âgées de 50 à 64 ans. L’allongement des distances parcourues amplifie ce phénomène : 67 % des individus effectuant plus de 50 kilomètres par jour ressentent un impact psychologique, alors que ce taux tombe à 19 % pour des trajets de moins de 5 kilomètres.
Des effets variables selon le territoire
Le contexte géographique joue également un rôle déterminant dans l’expérience vécue. En zone urbaine, la saturation des transports, le bruit ambiant et la proximité exacerbent anxiété et fatigue généralisée. À l’inverse, dans les zones rurales, c’est davantage l’isolement, la dépendance à la voiture et l’insuffisance des infrastructures qui génèrent un sentiment de lassitude et de frustration.
Modes de déplacement et santé mentale
Certains moyens de locomotion se révèlent cependant bénéfiques pour la santé mentale. La marche, le vélo ou la combinaison de mobilités actives et collectives favorisent la réduction du stress tout en offrant plaisir et sentiment de liberté. En revanche, les transports motorisés individuels, les trottinettes ou les services d’autopartage sont perçus comme plus anxiogènes.
Par ailleurs, l’essor du télétravail modifie les habitudes de déplacement, offrant ainsi de nouvelles opportunités pour rendre la mobilité moins oppressante, plus choisie que subie.
