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Aquababe lance une traque numérique pour retrouver Xavier Dupont de Ligonnès
Quatorze ans après les meurtres de Nantes, l’influenceur et blogueur Aquababe, âgé de 27 ans, affirme avoir localisé Xavier Dupont de Ligonnès, principal suspect de l’assassinat de sa femme et de ses quatre enfants en 2011. Le 18 avril dernier, il a créé sur Instagram un canal intitulé « Retrouvons XDDL », rassemblant près de 400.000 abonnés, dédié à la collecte d’informations en vue de lever le mystère sur la disparition du fugitif. Selon ses investigations, Xavier Dupont de Ligonnès serait toujours vivant et se trouverait probablement en Asie, plus précisément au Japon. Cette hypothèse repose notamment sur la diffusion d’une photographie d’un homme prétendument semblable au père de famille, lequel n’a plus été vu vivant depuis avril 2019, à Roquebrune-sur-Argens.
La réaction prudente des autorités judiciaires
Le procureur de Nantes a rapidement réagi en démentant la recevabilité des informations présentées. Aucun élément concret n’a été officiellement communiqué à la juridiction ou aux services de police, ce qui invite à une grande prudence. Selon l’avocat d’Aquababe, ce dernier doit transmettre les éléments en sa possession aux autorités avant la fin de la semaine. Les forces de l’ordre ont d’ores et déjà instauré un canal de communication spécifique pour recevoir ces données. Cette organisation marque une volonté d’intégrer les contributions citoyennes à une enquête qui demeure complexe et incertaine.
Scepticisme autour des preuves et de la photo diffusée
Les services de police, quant à eux, se montrent circonspects face aux annonces faites par l’influenceur. Une source proche du dossier souligne que la ressemblance physique évoquée dans la photo n’est en rien suffisante, étant donné le caractère ordinaire du visage en question. Chaque nouvelle piste signalée déclenche un travail de vérification long et fastidieux, qui ne débouche pas toujours sur des résultats concluants. Sur le terrain, les enquêteurs sont régulièrement alertés par des signalements qui s’avèrent, après recoupements, concerner des sosies ou des erreurs d’identification.
Un long historique de fausses alertes
L’affaire Dupont de Ligonnès est marquée par une multitude d’alertes depuis plus d’une décennie, toutes soigneusement examinées par la police judiciaire de Nantes et l’Office central pour la répression des violences aux personnes. Par exemple, en 2024, un signalement à la communauté des sœurs dominicaines près de Besançon fut écarté après des analyses ADN. D’autres confusions, comme celle d’un sans-abri dans le Doubs en 2020, n’ont abouti qu’à des erreurs. Les autorités ont ainsi enregistré plus de 1.750 signalements, en France comme à l’étranger, soit quasiment un tous les trois jours, sans certitude réelle de localiser Dupont de Ligonnès.
Une méthode nouvelle d’enquête participative 2.0
L’avocat d’Aquababe considère que cette méthode s’inscrit dans une démarche innovante, proche d’un « appel à témoins 2.0 ». En mobilisant une communauté d’environ 400.000 individus via les réseaux sociaux, cette approche constitue selon lui un outil puissant pour recueillir des informations inédites. Si cette pratique comporte des risques et peut engendrer des dérives, elle a déjà démontré son efficacité dans d’autres contextes judiciaires.
Le recours aux influenceurs pourrait aussi ouvrir de nouvelles perspectives dans la diffusion d’alertes officielles, notamment concernant des enlèvements. Leur portée sur les jeunes générations, qui délaissent souvent les médias traditionnels, pourrait permettre une circulation plus rapide et massive des informations indispensables aux autorités. Cette évolution appelle toutefois un cadre réglementaire clair, à envisager en collaboration avec les pouvoirs publics pour encadrer légalement ces pratiques participatives.
