Monique Olivier : Dernière audition sur les secrets de Fourniret

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Monique Olivier : Dernière audition sur les secrets de Fourniret
France

Monique Olivier, épouse du tueur en série Michel Fourniret, a choisi de garder le silence lors de son audition ce vendredi devant les magistrats du pôle « cold case » concernant la disparition en 1997 de Cécile Vallin, une adolescente de 17 ans en Savoie. Son avocat, Me Richard Delgenes, a interrompu rapidement l’interrogatoire, estimant que les conditions n’étaient pas réunies pour une audition fructueuse. Il a expliqué : « Soit ma cliente se taisait et bloquait la poursuite de l’instruction, soit elle mentait, ce qui empêchait la manifestation de la vérité. » Il s’agissait de la troisième tentative d’audition dans ce dossier, qui n’a une fois de plus pas abouti.

L’enquête sur la disparition de Cécile Vallin avait été relancée l’an dernier suite à la découverte d’anciens procès-verbaux belges oubliés. En 2005, Monique Olivier avait déjà livré de nombreux témoignages aux enquêteurs, notamment sur un événement survenu en juin 1997. Elle avait raconté avoir brièvement quitté le domicile familial avec leur fils Sélim, après avoir subi le choc de voir Michel Fourniret ramener une jeune fille âgée d’environ 16 à 18 ans chez eux. Elle n’avait pas caché le sort réservé à cette adolescente, son mari ayant prévu de la violer puis de la tuer. Pourtant, à l’époque, les autorités ne parvenaient pas à établir un lien entre cette déclaration et la disparition de Cécile Vallin, survenue à plus de 800 kilomètres de là.

La clé de cette connexion a été trouvée à travers un nouveau procès-verbal : le 11 juin 1997, trois jours après la disparition de Cécile, Fourniret s’était présenté au commissariat pour déclarer la disparition de sa propre épouse et de leur enfant, suite à une dispute. Aucun autre signalement d’adolescente disparue n’avait été enregistré en France durant cette période, rendant cette coïncidence particulièrement intrigante.

La complexité des investigations sur le couple Fourniret

Quatre ans après le décès de Michel Fourniret, surnommé « l’Ogre des Ardennes », la justice continue d’examiner le parcours criminel du couple. Michel Fourniret a été condamné pour huit meurtres de femmes bien que onze lui aient été attribués, tandis que Monique Olivier a été reconnue coupable dans huit de ces affaires. Les aveux, toutefois, sont largement incomplets, laissant de nombreuses zones d’ombre. Comme l’explique l’avocate spécialisée Corinne Hermann, « on ne parviendra jamais à élucider tous les meurtres, c’est une certitude, mais il faut tout faire pour réduire au maximum ce chiffre noir. »

Depuis la mort de Fourniret, Monique Olivier est devenue un élément central pour résoudre ces mystères, mais elle demeure très réservée. Les deux premières auditions dédiées à cette affaire ont échoué car elle a refusé de s’exprimer en l’absence de la juge d’instruction Sabine Khéris, la seule à avoir réussi à percer le silence de ce couple. Pour Corinne Hermann, cette présence était indispensable : « Le pôle cold case doit faire des rapprochements entre affaires non élucidées, et cela nécessite d’adapter les méthodes. Avoir une magistrate qui connaît parfaitement Monique Olivier et sait comment la mettre en condition est essentiel. Dans ce genre de procédure, chaque détail compte, chaque mot, chaque attitude. » Malgré la présence cette fois-ci de cette magistrate, l’audition n’a pas donné plus de résultats.

Perspectives dans le dossier Lydie Logé

Les aveux de Monique Olivier peuvent prendre du temps, comme l’a montré le dossier de Lydie Logé, une femme de 29 ans disparue en 1993 dans l’Orne. Longtemps, l’enquête a connu des blocages jusqu’en 2018, lorsqu’un ADN retrouvé dans le camion de Michel Fourniret a pu être rapproché de la victime. En 2019, lors d’une audition menée par la juge Sabine Khéris, Fourniret a fait des aveux pénibles, tandis qu’Olivier niait toute implication.

Ce n’est qu’en octobre 2024 que Monique Olivier a finalement reconnu avoir été présente au moment de l’enlèvement et avoir assisté à la tentative de viol et au meurtre. Le corps de Lydie Logé reste introuvable, mais un procès devrait être organisé dans les prochaines années. Me Corinne Hermann, qui défend les proches de la victime, souligne : « Il est difficile d’imaginer qu’il n’y ait pas de procès, car il y a des aveux et des preuves ADN dans ce dossier. Pour les familles, savoir ce qu’il s’est passé est un premier pas vers l’apaisement. »

Un chiffre noir encore important

Le couple Fourniret a commis ses premiers meurtres en 1987, le dernier connu datant de 2003. Le nombre exact de victimes demeure inconnu, tout comme le nombre d’affaires encore non élucidées. Aujourd’hui, les enquêteurs analysent plus d’une trentaine d’empreintes ADN retrouvées sur différents scellés, dont une dizaine sur un matelas, qui n’ont pas encore pu être identifiées.

Par ailleurs, une méthode minutieuse est en cours visant à retracer précisément les déplacements et habitudes de Michel Fourniret. L’objectif est d’établir la liste des lieux qu’il fréquentait régulièrement afin d’identifier d’éventuels liens avec des affaires non résolues. Toutefois, cette approche est extrêmement chronophage.

Le temps est également un facteur crucial puisque Monique Olivier fêtera ses 77 ans le 31 octobre prochain. En France, l’action publique s’éteint avec la mort de l’auteur de l’infraction : on ne peut donc pas juger les personnes décédées. Toutefois, les investigations peuvent se poursuivre même sans procès. Dans ces conditions, les enquêtes reposent exclusivement sur des éléments matériels en raison de l’absence de témoins vivants ou de nouvelles déclarations. La course contre la montre est engagée pour réduire ce « chiffre noir ».

Monique Olivier au procès
Monique Olivier en garde à vue
Monique Olivier lors d'une perquisition

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire