Procès Ubisoft : Tommy François s’excuse pour harcèlement

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Procès Ubisoft : Tommy François s'excuse pour harcèlement
France

Logo 20 Minutes avec AFP

Trois anciens cadres d’Ubisoft sont jugés à Bobigny pour des faits de harcèlement, parmi lesquels Tommy François. L’ancien dirigeant a admis des comportements dégradants tout en évoquant une « culture Ubi » faite de blagues graveleuses et de management « fun ».

Des témoignages accablants décrivent un climat d’humiliations constantes, comme des femmes forcées à faire le poirier en jupe ou ligotées à une chaise. Ubisoft et ses ressources humaines ne sont pas poursuivis, une décision critiquée par les parties civiles.

Le tribunal correctionnel de Bobigny examine cette semaine les accusations d’insultes sexistes, humiliations publiques et bizutages contre trois anciens cadres d’Ubisoft, soupçonnés d’avoir instauré un système de harcèlement dans l’entreprise entre 2010 et 2020.

Parmi eux, Tommy François, ex-vice-président du service éditorial, a reconnu une série de comportements dégradants. Il a présenté des excuses à la barre, expliquant que ces actes s’inscrivaient dans la « culture Ubi » faite de blagues graveleuses et d’un management « fun ».

« Ça faisait partie du vocabulaire Ubisoft »

« Je n’ai pas réfléchi, c’était l’ambiance, la ‘culture Ubi’ », a-t-il répété devant les magistrats, avant de reconnaître que cette « normalité » n’était « pas acceptable ».

À l’époque, dit-il, « il fallait être fun pour faire du fun ». Il a insisté sur le fait qu’il n’était pas « l’instigateur de cette culture geek », ajoutant qu’en rejoignant Ubisoft, il avait simplement « trouvé une ambiance ».

Tommy François a admis avoir eu des propos et comportements humiliants, tels que traiter des collègues de « bitch » ou de « morue » : « Ça faisait partie du vocabulaire Ubisoft », a-t-il déclaré.

Le tribunal a entendu plusieurs témoignages accablants de femmes. Une ancienne employée a relaté avoir été forcée à plusieurs reprises à faire le poirier en jupe sur ordre d’un supérieur. Une autre a été ligotée à une chaise puis envoyée dans un ascenseur dans le cadre d’un bizutage.

Des humiliations banalisées, des ressources humaines silencieuses

Tommy François aurait également exigé que ses ongles soient vernis en rose en plein open space. Les victimes décrivent un environnement marqué par des humiliations régulières, des cris et des insultes. « Quand il venait vers mon bureau, j’avais peur », a confié l’une d’elles.

Elle a expliqué que, la première fois qu’il lui a ordonné de faire le poirier en public, elle s’est exécutée parce qu’il était son supérieur hiérarchique. Quand il a exigé qu’elle reproduise cet acte régulièrement, elle a choisi un jour de porter une jupe serrée, une « stratégie d’évitement » selon ses mots, sans succès toutefois.

L’ancien cadre a affirmé ne jamais avoir été formé au management et assuré que les ressources humaines, pourtant proches, ne l’ont jamais convoqué. Pour lui, ces blagues sexistes étaient « presque affectives », car il pensait alors « être dans le respect des gens ».

Ubisoft hors du banc des accusés

Après deux ans d’enquête, ni Ubisoft ni ses ressources humaines n’ont été poursuivis, une décision dénoncée par plusieurs parties civiles qui dénoncent une tolérance hiérarchique à ces pratiques.

Le procès se poursuit avec l’audition prochaine de Serge Hascoët, ex-numéro 2 du groupe et directeur créatif, accusé de harcèlement sexuel, moral et de complicité dans les faits reprochés à Tommy François.

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire