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Macron kidnappé, Trump jeté aux ordures, Poutine fracassé par une Femen : ces derniers temps, les personnalités politiques, même en cire, ne sont pas épargnées. La plus récente victime est la statue d’Emmanuel Macron, dérobée lundi au musée Grévin devant les surveillants et sous l’œil des caméras. Des activistes de Greenpeace ont en effet emporté la statue pour la déposer devant l’ambassade de Russie, afin de protester contre les relations économiques franco-russes.
Cette recrudescence de faits soulève la question de la sécurité des statues de cire des hommes politiques. Véronique Berecz, responsable des relations extérieures du musée Grévin, observe que « des hommes politiques à Grévin, il y en a moins qu’avant, sans doute par manque d’intérêt pour la politique. Pourtant, depuis 1882, chaque président de la République y est représenté, à commencer par Jules Grévy, premier président immortalisé au musée. »
Une surveillance limitée pour des figures politiques
Concernant la protection spécifique des statues politiques, il n’existe pas de mesures particulières, selon Véronique Berecz. Le musée compte des surveillants et un système de vidéosurveillance, mais le public est encouragé à s’approcher des personnages pour se prendre en photo. Cette proximité fait partie de l’expérience offerte aux quelque 900 000 visiteurs annuels. Certains parlent aux statues, les complimentent, ou au contraire les insultent : « Il y a autant d’opinions que de visiteurs. »
Cependant, le vol ou le vandalisme n’est pas une nouveauté. En 1980, la statue de Georges Marchais, alors secrétaire général du Parti communiste français, avait disparu pour réapparaître dans la fosse aux ours du Jardin des Plantes. La même année, celle de Valéry Giscard d’Estaing fut enlevée par des motards protestant contre une vignette moto, avant de faire un tour de Paris dans un side-car. Jacques Chirac, alors maire de Paris, avait également été la cible en 1983, avec un enlèvement la veille de Noël par un groupe d’étudiants, sa statue ayant ensuite été retrouvée près d’une volière au zoo de Vincennes.
Statues politiques : entre vandalisme et polémiques
Avant l’enlèvement d’Emmanuel Macron, des attaques contre des figures politiques avaient marqué le musée. En 2014, une militante Femen avait dégradé la statue de Vladimir Poutine à coups de pieu. Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, plusieurs statues de Poutine ont été retirées ou isolées dans divers musées, tels Grévin, Madame Tussauds à Londres ou Berlin, en raison d’incidents ou de plaintes de visiteurs.
Ces statues provoquent souvent des tensions. Ainsi, une exposition à Madame Tussauds Berlin a suscité une vive controverse en plaçant Franz Josef Strauss, ancien ministre allemand, parmi des figures considérées comme négatives, une démarche jugée injuste par certains responsables politiques bavarois. En 2022, des militants du groupe Just Stop Oil ont recouvert la statue de Charles III à Londres de tartes pour protester contre les énergies fossiles.
Plus anciennement, en 2008, la représentation de Hitler à Madame Tussauds Berlin avait été jugée inacceptable. Un visiteur avait alors arraché la tête de la statue dès le jour d’ouverture. Résultat : cette statue est désormais exposée dans un contexte strictement historique, derrière une vitre et avec un fort encadrement pédagogique.
Des statues parfois détrônées ou retirées
Enfin, Donald Trump est une figure souvent ciblée par le vandalisme. Quand ce ne sont pas les visiteurs ou activistes, les musées s’en chargent eux-mêmes. En 2020, anticipant la défaite de Trump face à Joe Biden, le musée Tussauds de Berlin avait tout simplement jeté la statue de cire de l’ancien président américain dans une benne à ordures parmi les sacs-poubelle.
Ces incidents montrent que dans l’univers des statues de cire, la permanence n’est jamais garantie et que la politique influe grandement sur leur destin. Les statues, initialement des œuvres d’art popularisant la culture et les personnalités, peuvent devenir le théâtre de revendications, polémique et vandalisme.
