Insolite
L’océan recèle bien des dangers au-delà des tempêtes, tsunamis ou créatures marines redoutables. Les courants eux-mêmes peuvent piéger et emporter même les nageurs les plus aguerris. Aux États-Unis, par exemple, les courants de retour font en moyenne cent victimes chaque année. Parmi les courants océaniques les plus puissants figurent les tourbillons, qui naissent notamment lorsque les marées montantes et descendantes se rencontrent. L’un des plus célèbres maelströms a même failli coûter la vie à l’écrivain George Orwell au large de l’Écosse.
Mais l’un des endroits les plus mortels reste le Saltstraumen, un bras de mer étroit en Norvège où l’océan s’engouffre dans une large baie. Ce lieu abrite, selon les spécialistes, le courant marin le plus puissant au monde, donnant naissance à des tourbillons pouvant dépasser 9 mètres de diamètre. La vitesse de l’eau peut atteindre les 20 nœuds (environ 37 km/h), une force capable de submerger tout intrépide nageur.
Ce site attire touristes et pêcheurs locaux, séduits par la richesse halieutique. Cependant, s’aventurer dans ces eaux demeure périlleux. Le scientifique norvégien Bjørn Gjevik, qui a étudié le phénomène, rappelle que nombreuses sont les victimes et que même les navires font souvent halte, attendant que les marées offrent des moments de calme relatif.
La plongée et la nage sont envisageables uniquement lors de ces brefs intervalles plus sûrs. Un animal en particulier a su s’adapter à cette force colossale : l’eider, un canard marin capable de nager à contre-courant dans Saltstraumen, exploit remarquable qui souligne l’extraordinaire puissance des lieux.
Enfin, traverser à la nage ce bras de mer, à peine large de quelques centaines de mètres, relève d’un défi extrême. En 2016, trois frères ont réussi cette prouesse, devenant les premiers à traverser ces tourbillons géants. Trois ans plus tard, une mère accompagnée de sa fille ont réalisé la même traversée, marquant les annales en tant que premières femmes à dompter ces eaux dangereuses.
