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Une enquête exceptionnelle a conduit les gendarmes de la Section de recherches (SR) de Lille à interpeller un homme soupçonné d’être à la tête d’une plateforme en ligne illégale de dons de sperme, nommée « Childable.net ». Cette plateforme mettait en relation des femmes cherchant à avoir un enfant avec des donneurs, hors de tout cadre légal. Le site, accessible jusque-là, visait une forme d’insémination artisanale non encadrée par la loi, ce qui le rendait particulièrement dangereux.
Le suspect, placé en garde à vue, au casier judiciaire vierge, a reconnu les faits. Le portail a été immédiatement rendu inaccessible. Cette opération fait suite à une veille numérique menée en avril dernier, lorsque des cyberenquêteurs ont noté que le nom du site revenait fréquemment sur des forums consacrés à la procréation médicalement assistée (PMA). Derrière un design désuet, le forum se montrait très actif, comptant au moment de sa fermeture plus de 7 000 membres inscrits. Toutefois, la longévité du site – plus de six ans – rendait impossible un recensement exhaustif de tous les inscrits précédents.
Absence totale de traçabilité et risques majeurs
Il est également impossible d’estimer précisément le nombre de dons de sperme effectués via cette plateforme. Certains hommes auraient réalisé plusieurs dons, d’autres aucun. Le lieutenant-colonel Vincent Audon, second de la SR de Lille, souligne que « toute la difficulté réside dans l’absence totale de traçabilité, ce qui complique non seulement l’enquête mais éventuellement la santé des femmes concernées et de leurs enfants ». Ces pratiques, non réglementées, comportent des risques importants, notamment celui de consanguinité. En effet, en France, la loi limite un donneur à dix enfants maximum, restriction totalement ignorée sur ces plateformes clandestines.
Le suspect serait lui-même responsable de plusieurs dizaines de dons depuis 2018. Durant sa garde à vue, il a expliqué vouloir engendrer des enfants sans en assumer les responsabilités ultérieures. De plus, le site ne vérifiait ni l’état de santé des donneurs ni la présence éventuelle de pathologies génétiques.
Le lieutenant-colonel alerte aussi sur un autre danger : le risque que certains donneurs profitent de la vulnérabilité des femmes, souvent engagées dans de longs parcours de procréation, pour les pousser à accepter des rapports sexuels. Ces risques sont rares à être dénoncés, car les victimes éprouvent parfois honte ou craignent d’être blâmées pour leur recours à une plateforme illégale.
Une activité lucrative en cryptomonnaie
Le site Childable.net, comme d’autres similaires, capitalisait sur les longs délais d’attente dans les centres de PMA pour proposer ses services. Sur la page d’accueil, il se présentait comme une alternative aux procédures médicales, longues et administratives, qualifiant la société actuelle de « de plus en plus monoparentale », avec la recherche possible d’un « coparent » ou d’un « géniteur ».
Cependant, l’initiative n’avait rien d’altruiste. L’enquête a révélé que plusieurs hommes réclamaient des dons en cryptomonnaie, parfois plusieurs centaines d’euros, prétendument pour couvrir leurs frais de transport ou d’hébergement. Certains profils rendaient cela explicite. L’administrateur du site lui-même exigeait un paiement pour ses dons. De plus, les investigations ont mis en lumière une source de revenus via des abonnements facturés pour la mise en relation des donneurs et des femmes receveuses.
Qui sont les donneurs clandestins ?
Les donneurs de sperme clandestins impliqués dans ces pratiques sont souvent peu connus, agissant via Internet pour proposer leurs gamètes à des femmes en quête de maternité. Ces inséminations artisanales échappent à tout contrôle médical et présentent ainsi des risques multiples.
Les nombreux risques des inséminations artisanales
Outre le danger de la consanguinité, cette insémination artisanale expose aussi aux risques de transmission de maladies sexuellement transmissibles ainsi qu’à des violences sexuelles. L’absence de cadre légal renforce ces dangers, mettant en péril la sécurité des femmes et des enfants issus de ces actes.
Inséminations à domicile avec des donneurs trouvés sur Internet
De nombreuses femmes ont recours à des inséminations artisanales à domicile, utilisant le sperme de donneurs rencontrés via Internet. Cette pratique illégale en France échappe à tout contrôle médical, ce qui augmente considérablement les risques sanitaires et éthiques liés à la procréation.
