Taxe sur les livres d’occasion : Les lecteurs s’y opposent

par Olivier
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Taxe sur les livres d'occasion : Les lecteurs s'y opposent
France

Le marché des livres d’occasion a connu une croissance de 30 % en dix ans, suscitant des inquiétudes dans le secteur du livre. Un collectif d’auteurs, dans une tribune publiée récemment, alerte sur le fait que la revente rapide de livres récents à prix réduit « cannibalise en silence toute la chaîne du livre ». Cette situation pousse certains acteurs à réclamer l’instauration d’une rémunération des auteurs sur ces ventes de seconde main.

Les lecteurs, interrogés sur la possibilité de payer plus cher pour les livres d’occasion récents afin de mieux rémunérer les auteurs, expriment majoritairement leur opposition à cette taxe.

Une opposition ferme à la taxation des livres d’occasion

« Payer une taxe sur de l’occasion, hors de question », lance Yann-Claude, éducateur spécialisé. Pour Marie-Francine, retraitée, il n’y a aucune raison que les livres fassent l’objet d’une exception : « Est-ce que les antiquaires rémunèrent les designers lorsqu’ils revendent un objet d’occasion ? » Elle privilégie l’achat d’occasion en raison de son engagement pour la préservation des forêts, avec un budget mensuel conséquent pour une retraitée.

Irène, également retraitée, refuse de payer des droits d’auteur une seconde fois, estimant que ceux-ci ont déjà été versés lors de l’achat initial. Isabelle, informaticienne, rappelle qu’elle a déjà contribué à la rémunération des auteurs en achetant neuf, tout comme le vendeur du livre d’occasion. Nelson, lui, évoque le principe d’« épuisement du droit », qui garantit la libre circulation des œuvres après leur autorisation par l’auteur, notamment sous forme de revente, et met en garde contre une possible dérive si ce principe était remis en cause.

Des lecteurs prêts à soutenir les auteurs mais avec des conditions

Certains lecteurs comme Karine, technicienne de laboratoire, se disent ouvertes à payer un peu plus pour saluer le travail des auteurs, tout en soulignant le dilemme entre rémunérer ce travail et leurs préoccupations environnementales, qui les incitent à privilégier l’occasion et l’emprunt.

Charlotte, employée, propose que l’augmentation de la rémunération revienne uniquement aux auteurs, tout en critiquant la faible part qui leur est allouée dans le prix d’un livre neuf, en moyenne 8 %. Pour Thierry, retraité, il est logique que les éditeurs ne profitent pas d’un réseau parallèle comme celui du marché d’occasion, notamment pour des ouvrages que ces derniers refusent de rééditer.

Rémunération des auteurs : une réflexion sur le marché du neuf

Alexandre, retraité, suggère d’étudier une hausse de la part des droits d’auteur sur les livres neufs plutôt que d’instaurer une taxe sur l’occasion. Sarah, greffière, insiste pour que ce soient les éditeurs, et non les lecteurs, qui assurent une meilleure rémunération des auteurs.

Aymeline, assistante et grande lectrice, critique l’attitude de l’industrie du livre qui cherche à préserver un modèle dépassé au lieu d’innover face aux évolutions numériques et technologiques.

Sylvain, co-dirigeant d’une entreprise spécialisée dans le livre d’occasion, considère que la vraie question est la rémunération des auteurs sur les ventes de livres neufs. Il souligne que le développement du marché d’occasion ne nuit pas aux ventes neuves, qui augmentent légèrement, et que taxer les produits de seconde main irait à l’encontre des efforts pour limiter l’impact environnemental d’une filière qui détruit chaque année 25 000 tonnes de livres invendus.

Des interrogations sur la mise en œuvre d’une taxe

Pour beaucoup d’internautes, le recouvrement d’une contribution sur les ventes privées, notamment sur des braderies, semble difficile à mettre en place. Jean-Michel, cadre supérieur, s’interroge sur le coût administratif : « On va devoir payer combien de fonctionnaires pour collecter ces centimes entre particuliers ? » Sophie insiste sur la complexité administrative supplémentaire que cela constituerait pour des acteurs déjà en difficulté, comme les associations et les bouquinistes.

Enfin, Laurent, retraité, estime que seules devraient être taxées les pratiques de décote agressive sur des ouvrages encore neufs, par exemple via Internet. Il rappelle qu’une vraie passion pour les livres se traduit par la recherche des ouvrages pertinents partout, que ce soit en librairies, chez les bouquinistes ou dans les bibliothèques.

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