Sensations de déclassement des habitants de la campagne française

par Olivier
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Sensations de déclassement des habitants de la campagne française
France

Qui sont les habitants de la campagne française ? Combien sont-ils et comment vivent-ils ? Une grande enquête a récemment été dévoilée pour mettre en lumière le décalage entre les clichés dominants et la réalité de ces 21,5 millions de ruraux, soit 33 % de la population nationale.

L’étude révèle principalement un sentiment marqué de déclassement et un défaut de représentation des habitants des zones rurales. Souvent perçus à travers des images biaisées, ces habitants subissent des stéréotypes tenaces qui entretiennent une méconnaissance de leur vie quotidienne.

Des clichés persistants et inadaptés

Au total, 3 532 personnes ont été interrogées, dont 1 557 résidant en milieu rural, accompagnées de groupes de discussion sur leur quotidien, leurs attentes et ressentis. L’étude souligne que les ruraux sont fréquemment mal compris, certains termes utilisés par les politiques pour les désigner suscitent peu d’adhésion. Par exemple, si 31 % préfèrent le terme « habitants de la campagne », seuls 23 % utilisent « ruraux » et « territoires », pourtant répandu en politique, est peu apprécié.

Par ailleurs, les images que les médias renvoient continuent de coller aux agriculteurs, chasseurs ou amateurs de musique country, alors que ces clichés ne représentent pas la diversité des habitants. Certains témoignages regrettent même que leur mode de vie soit rarement montré à la télévision autrement que par de grandes villes ou des caricatures.

Le cas emblématique de l’émission de télévision « L’Amour est dans le pré » illustre cette distorsion, étant à la fois une icône médiatique de la ruralité et un symbole de l’isolement rural, bien que les agriculteurs ne constituent que 2 % de la population rurale.

Une représentation médiatique et politique insuffisante

Les habitants de la campagne se sentent mal représentés et souvent invisibilisés. Selon l’étude, 83 % d’entre eux estiment que médias et politiques imposent une vision caricaturale de la ruralité depuis les centres urbains. La confiance dans la représentation offerte par le gouvernement, la publicité, ou le cinéma est très limitée, avec seulement 10 %, 22 % et 31 % d’approbation respectivement.

Ce ressentiment est accentué par des problématiques concrètes affectant leur quotidien : un éloignement marqué, avec une diminution notable des lignes ferroviaires rurales depuis les années 1930 – près de 40 % du réseau a disparu, rendant les transports en commun rares et créant une forte dépendance à la voiture.

Les services publics sont également en souffrance, du manque de médecins et d’établissements hospitaliers à la fermeture progressive des commerces et bureaux de poste locaux.

Éloignement et discriminations

L’éloignement géographique se traduit aussi par un écart de revenus, souvent moins élevés dans les zones rurales que dans les grandes métropoles. Ce facteur économique contribue à une forme de discrimination ressentie particulièrement par les jeunes ruraux, sept sur dix déclarant en être victimes. À ces discriminations liées à l’adresse, s’ajoutent celles fondées sur l’accent ou le mode de vie, qui peuvent aussi impacter les chances d’embauche.

Malgré ces disparités, l’étude démontre que ruraux et urbains partagent de nombreux points de vue et aspirations pour l’avenir, contredisant l’idée d’une opposition définitive entre les deux groupes.

Un modèle rural marqué par la convivialité et l’investissement

Cette convergence d’opinions fut une surprise révélatrice, attestant qu’il existe un modèle rural propre qui dépasse la simple opposition à la ville. La campagne offre des aspects positifs forts : la tranquillité, le contact avec la nature et les animaux, mais aussi un fort tissu social.

La convivialité y reste effectivement un trait marquant, souvent considéré comme un cliché mais possédant une part importante de vérité. Les petites communes favorisent la connaissance mutuelle entre habitants, encourageant aussi un plus grand investissement dans la vie publique locale et dans la résolution des problèmes du quotidien.

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