La métropole rennaise vient de modifier son plan local d’urbanisme afin de mieux tenir compte du contexte climatique et des enjeux liés au logement. Parmi les nouvelles mesures figure une limitation stricte : la construction de piscines privées ne doit plus dépasser 25 m³ de volume d’eau. Cette décision marque un tournant pour l’urbanisme local et l’utilisation responsable de la ressource en eau.
Face à un département d’Ille-et-Vilaine placé en vigilance jaune sécheresse, cette restriction vise à préserver l’eau, essentielle dans un contexte de réchauffement climatique. Selon Laurence Besserve, vice-présidente de Rennes métropole déléguée à l’urbanisme, il ne s’agit pas d’interdire totalement les piscines, ce qui ne serait pas légal, mais de limiter leur taille pour protéger l’intérêt collectif.
En France, une piscine de plus de 10 m² nécessite déjà une autorisation d’aménagement. Avec cette nouvelle règle, Rennes métropole pourra donc refuser les bassins dépassant 25 m³ d’eau. Cette mesure a reçu un accueil plutôt tiède de la part de l’opposition, qui la reconnaît légitime mais dénonce un manque de concertation et un aspect communicationnel.
Les professionnels du secteur dénoncent une décision politique
Les fabricants et installateurs de piscines ont exprimé leur mécontentement. Joëlle Pulinx, déléguée générale de la Fédération des professionnels de la piscine et du spa, déclare que cette décision relève davantage du politique que de l’écologie, soulignant que les piscines sont généralement remplies une seule fois et que la profession tente de minimiser son impact environnemental.
Selon la fédération, les 3,6 millions de piscines privées en France représenteraient seulement 0,08 % de la consommation annuelle d’eau du pays, un chiffre revu à la baisse par rapport à 2023. Toutefois, ce calcul est contesté par plusieurs institutions, qui estiment que la surconsommation d’eau liée à une piscine privée pourrait atteindre environ 10 % par foyer concerné, en excluant l’eau industrielle comme celle utilisée pour refroidir les centrales nucléaires.
Un symbole et un enjeu d’aménagement territorial
Si les piscines privées, lorsqu’elles sont bien gérées, ne consomment pas autant d’eau que certains le pensent, elles restent un symbole fort. La consultation publique organisée l’an dernier n’a pas suscité de véritable mobilisation contre cette limitation. Laurence Besserve rappelle que les piscines participent à l’imperméabilisation des sols, ce qui pose un problème écologique majeur dans un environnement de plus en plus contraint.
Le nombre de bassins a nettement augmenté durant la pandémie, ce qui a favorisé l’essor des entreprises spécialisées. Cette nouvelle réglementation risque donc de peser particulièrement sur ces acteurs, notamment sur le marché des piscines sur mesure de grande taille destinées aux plus fortunés. François Lavaleur, patron de Rennes Piscines, souligne que la moitié de ses clients habite dans la métropole et que la moitié de ceux-ci souhaitaient construire des bassins plus importants.
À l’avenir, les piscines seront limitées à des dimensions standard, autour de 3 mètres sur 6, voire 3 mètres sur 7 en réduisant la profondeur. Ce changement reflète un enjeu global d’adaptation face à un monde où l’artificialisation a longtemps prédominé et où la gestion durable des ressources devient impérative.
