Les habitants d’Allos, dans les Alpes du Sud, ont voté samedi à 50,1 % en faveur de l’arrêt total du ski alpin dans la station du Val d’Allos-Le Seignus, située à 1 500 mètres d’altitude. Cette décision fait écho au choix similaire de la station du Grand Puy quelques mois auparavant. Deux alternatives leur étaient proposées : maintenir le ski alpin et subir une hausse des impôts locaux de 30 à 35 %, ou limiter le ski à une partie du Seignus avec une augmentation d’impôts comprise entre 10 et 15 %. Finalement, la population a préféré la fin complète du ski alpin, motivée par un déficit chronique et un manque de neige récurrent dans cette petite station, qui avait pourtant inauguré son premier téléski dans les années 1930.
Le maire d’Allos, Michel Lantelme, précise que la décision finale n’a pas encore été arrêtée et qu’une réunion du conseil municipal se tiendra ce lundi soir pour analyser les résultats de ce vote. La station de la Foux d’Allos, plus haute en altitude et également située sur la commune, n’est pas concernée par cette éventuelle fermeture.
Un déficit annuel estimé à 700 000 euros
Au siècle dernier, la station du Val d’Allos-Le Seignus attirait un grand nombre de touristes venus du sud de la France. Aujourd’hui, cette époque semble révolue. Le maire souligne l’urgence de la situation : « On ne peut plus se permettre de perdre du temps ». Le déficit structurel est confirmé, atteignant environ 700 000 euros pour l’année, prenant en compte l’été 2024 et l’hiver 2024-2025.
Selon Nicolas Roux, responsable du centre Météo-France pour les Alpes du Sud, les différences d’enneigement sont marquées entre les hautes altitudes, où la neige diminue faiblement, et les basse altitudes. Avec la hausse des températures, la neige est remplacée par la pluie et fond plus rapidement. Dans un scénario à +4°C en France d’ici la fin du siècle, les endroits situés à 1 800 mètres d’altitude dans les Alpes du Sud ne bénéficieront plus que de 52 journées d’enneigement skiable par an, contre 132 jours entre 1976 et 2005. Même en haute altitude, les durées d’enneigement vont diminuer progressivement, passant de 170 à 121 jours.
Vers une diversification de l’offre touristique estivale
Thomas, saisonnier de 31 ans, déplore une forme d’abandon de la station du Seignus, estimant que les autorités locales ont favorisé la station de la Foux d’Allos. Il décrit le hameau du Seignus comme « une ville morte » avec des biens à vendre et une ambiance désolante.
Comme dans d’autres stations de basse altitude, la priorité est désormais donnée à la diversification de l’offre touristique. Le VTT, la randonnée et les raquettes sont parmi les activités envisagées pour la saison estivale. Sylvain Barbotin, élu au conseil municipal, évoque la nécessité d’anticiper une transition sur dix ans. Il regrette toutefois le déroulement de cette consultation qu’il perçoit comme une acceptation d’une situation financière insoutenable pour la station du Seignus.