Harcèlement dans Secret Story : Les limites de la télé-réalité

par Olivier
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Harcèlement dans Secret Story : Les limites de la télé-réalité
France

Quelques mois seulement après l’affaire Ebony à la Star Academy, TF1 et la société de production Endemol se retrouvent de nouveau au cœur d’une polémique majeure dans l’une de leurs émissions phares : Secret Story. Depuis plusieurs jours, les réseaux sociaux s’enflamment suite à la diffusion de séquences montrant des comportements jugés racistes et harcelants à l’encontre de deux candidates, Romy et Anita. Cette situation interroge sur la capacité des productions à gérer le harcèlement dans un contexte d’enfermement et de compétition.

Une atmosphère toxique dans la Maison des Secrets

Des extraits largement partagés sur TikTok et X dévoilent les attitudes hostiles de plusieurs participantes, dont Marianne, Constance et Célia, envers Romy et Anita. Moqueries, isolement, regards lourds de sens : ces images sont perçues comme des manifestations d’exclusion et de harcèlement moral, doublées de sous-entendus racistes. Une pétition en ligne a réuni près de 5 000 signatures pour demander l’arrêt de ce harcèlement. Plusieurs signalements ont été adressés à l’Arcom (autorité de régulation de l’audiovisuel), tandis qu’une scène particulièrement marquante montre Anita en larmes après avoir été mise à l’écart, provoquant une vive émotion et une exigence de réaction de la part de la production.

Une réaction rapide mais encore hésitante

Face à la polémique, la production a pris la parole par l’entremise de Valérie Jaunard, productrice, qui a rappelé les règles fondamentales lors de la traditionnelle « Voix de la Maison », remplacée exceptionnellement par son intervention. Elle a insisté sur le respect, la bienveillance et la sécurité, menaçant d’intervenir en cas de comportements contraires, jusqu’à l’exclusion si nécessaire.

Les candidates concernées ont été convoquées pour des entretiens individuels. Le présentateur Christophe Beaugrand a également réagi publiquement, dénonçant la haine sous toutes ses formes. La production a condamné les campagnes de haine visant tant les victimes que les auteurs présumés hors de la Maison des Secrets, annonçant qu’elle signalerait toute attaque ciblée à la justice.

Un phénomène ancien longtemps ignoré

Le harcèlement dans la télé-réalité n’est malheureusement pas nouveau. En 2016, dans l’émission Les Anges sur NRJ12, Aurélie Preston avait subi des violences psychologiques intenses, menant à une dépression et une tentative de suicide. Depuis, plusieurs anciennes candidates ont brisé le silence, décrivant un schéma récurrent de harcèlement, de dynamiques de groupe toxiques et de complicités silencieuses. Ces pratiques, longtemps tolérées et utilisées pour faire de l’audience, sont aujourd’hui combattues, même si leur disparition complète n’est pas assurée.

Comme l’a souligné la journaliste Marion Mariani, les productions ont souvent laissé faire, exploitant la naïveté des participantes pour attirer le public, tout en échappant aux responsabilités. Alors que Les Anges et NRJ12 ont disparu, la problématique demeure dans d’autres programmes de télé-réalité.

Un racisme décomplexé et des micro-agressions répétées

Le compte militant @tetonsmarrons a documenté ces épisodes, qualifiant les comportements de « misogynoir glaçante », une forme spécifique de discrimination mêlant racisme et sexisme envers les femmes noires. Entre blagues douteuses, stéréotypes raciaux et remarques humiliantes — comme cette interruption d’Anita par Théo, lançant un film lié à la traite négrière, ou les accusations à Romy de « faire la gangster » — s’enchaînent des micro-agressions racistes.

Le rappel à l’ordre de la production ne mentionne toutefois ni le harcèlement ni la misogynoir, ce qui, pour beaucoup d’internautes, entretient un sentiment d’impunité. Contrairement à Ebony dans la Star Academy, ces agressions ont lieu directement devant les caméras dans le cadre du jeu, sans filtre ni montage.

Doit-on exclure les candidats auteurs de harcèlement ?

Bien qu’aucune sanction officielle n’ait encore été annoncée, la menace d’exclusion plane. Dans un environnement clos où la promiscuité et la rivalité exacerbent les tensions, la frontière entre stratégie de jeu et harcèlement est ténue. Alors que des exclusions ont déjà eu lieu pour violences physiques, les violences psychologiques ont souvent été tolérées voire passées sous silence par les productions.

Aujourd’hui, la gestion de ces crises ne peut plus se limiter aux coulisses ; elles se jouent également en direct, sous le regard attentif, critique et archiviste du public sur les réseaux sociaux. L’avenir du genre pourrait bien dépendre de la capacité des productions à sanctionner fermement les comportements inacceptables, faisant des exclusions une norme pour préserver l’intégrité des programmes et le respect des candidats.

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