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On croyait l’enquête close, l’instruction terminée. Convaincus de la culpabilité de Cédric Jubillar dans la disparition de son épouse Delphine en décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, les magistrats avaient requis en novembre 2023 le renvoi du peintre-plaquiste devant la cour d’assises du Tarn. Cette décision fut confirmée en septembre 2025 par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Toulouse. Le procès, initialement programmé pour quatre semaines entre septembre et octobre, pourrait cependant être bouleversé par un rebondissement majeur.
Alors que Cédric Jubillar clame son innocence depuis le début, un témoignage inédit vient remettre en cause cette version. Une femme de 31 ans, ancienne compagne du suspect, affirme avoir recueilli ses aveux lors de visites à la maison d’arrêt de Seysses. Selon elle, il lui aurait confié avoir étranglé Delphine et aurait même mimé le geste de strangulation. Il lui aurait également révélé avoir dissimulé le corps sur une exploitation agricole, précisant qu’il avait préparé ce lieu d’enterrement à l’aide d’une pioche et en gardait en mémoire la date du 15 décembre.
Une demande de supplément d’information
Face à ces révélations troublantes, plusieurs avocats des parties civiles souhaitent que cette femme soit rapidement entendue par les enquêteurs. Me Mourad Battikh, avocat des sœurs de Delphine Jubillar, a annoncé une demande de supplément d’information auprès de la présidente de la cour d’assises afin qu’elle soit auditionnée avant le commencement du procès. Me Pauline Rongier, qui défend la meilleure amie de la victime, partage cette exigence.
Me Emmanuelle Franck, l’une des avocates de Cédric Jubillar, insiste aussi sur l’importance d’examiner ce témoignage. Elle souligne que, juridiquement, il ne s’agit pas encore d’un témoignage formel mais appelle à ce que la justice procède à des confrontations et mène des investigations sur le lieu présumé du corps, conformément aux précisions fournies.
Conséquences judiciaires possibles
La présidente de la cour d’assises détient la décision finale quant aux suites à donner. Elle peut refuser la demande ou choisir d’entendre la femme à la barre lors du procès. Elle pourrait également ordonner de nouvelles investigations, ce qui entraînerait un report éventuel du procès, notamment si des fouilles supplémentaires devaient être organisées.
Ce témoignage pourrait aussi entraîner une modification de la qualification des faits poursuivis. En effet, l’avocate Me Emmanuelle Franck rappelle que les éléments évoquent un scénario prémédité, ce qui impliquerait un renvoi du dossier à l’instruction. Cédric Jubillar, actuellement poursuivi pour meurtre sur conjoint, pourrait alors être jugé pour assassinat, une infraction engageant la même peine, la réclusion criminelle à perpétuité.
Une possible libération provisoire
Me Philippe Pressecq, avocat de la cousine de Delphine Jubillar, défend une position contraire. Selon lui, le dossier est clos et suffisamment étayé, et le procès doit se tenir sans délai. Il juge le nouveau témoignage peu sérieux, rappelant avoir reçu auparavant plusieurs lettres de voyantes prétendant connaître la localisation de Delphine, qu’il n’a pas jugé opportun de transmettre à la justice.
Par ailleurs, Me Pressecq alerte sur un risque judiciaire : si le procès venait à être reporté au-delà d’un an après le renvoi devant la cour d’assises, la loi impose la libération provisoire de l’accusé. Il suggère que ce report pourrait être une stratégie pour obtenir cette libération, remettant en cause la tenue rapide du procès.
Le procès à venir
Le procès de Cédric Jubillar est crucial dans cette affaire complexe, marquée par la disparition inexpliquée de Delphine, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Ce témoignage nouveau force la justice à envisager d’éventuelles réouvertures d’enquête ou à confronter directement l’accusé avec cette déclaration au cours du procès. L’attente autour de cette affaire reste forte, tant parmi les proches de la victime que dans l’opinion publique, soucieux d’un dénouement définitif.
