L’Évolution de la Yakuza : Moins de Membres, Plus de Légitimité

par Olivier
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L'Évolution de la Yakuza : Moins de Membres, Plus de Légitimité
Japon

Yakuza

En 2013, Shintaro Hayashi, un fabricant de prothèses basé à Tokyo, a observé une tendance intrigante dans ses commandes.
Il expliquait : « J’ai commencé à voir une augmentation progressive des demandes pour des petits doigts prothétiques.
Ce n’étaient pas des tailles standard, mais des petits doigts fabriqués sur mesure. » Ce phénomène pouvait sembler étrange, comme si Tokyo connaissait une augmentation inattendue d’amputations du petit doigt.

En réalité, ces clients amputés étaient d’anciens membres de la Yakuza, qui avaient choisi de se réinsérer dans la société.
La Yakuza obligeait autrefois ses membres fautifs à couper une partie de leur petit doigt — une pratique appelée « yubitsume ».
Bien plus qu’un rituel, cet acte servait de marque visuelle marquante, dissuadant les défections et établissant une appartenance claire à la mafia japonaise.

Toutefois, cette cicatrice sociale posait de lourds obstacles à la réinsertion professionnelle.
Pourtant, Hayashi a réalisé plus de 300 commandes dans la décennie suivante, illustrant une évolution notable : un nombre croissant d’anciens Yakuza cherchent à rompre avec leur passé et à retrouver une vie normale.
Ce changement témoigne de la transformation profonde du crime organisé au Japon, désormais moins brutal et plus discret.

Yakuza

Selon les statistiques de l’Agence Nationale de la Police Japonaise, la Yakuza a connu une forte baisse de ses effectifs.
En 1963, près de 184 100 membres étaient recensés, mais après l’adoption d’une loi anti-criminalité organisée en 1992, ce nombre s’est rapidement réduit.
Pendant une vingtaine d’années, la population est restée stable autour de 80 000, avant de chuter à 70 300 en 2011, avec seulement 32 700 membres actifs réguliers.

En 2017, l’agence annonçait que les membres à part entière étaient tombés en dessous de 20 000.
Ce recul s’explique par une répression plus fréquente des activités traditionnelles telles que le racket, le chantage ou l’extorsion.
Cependant, certains spécialistes estiment que beaucoup de membres ont simplement migré vers l’ombre, adoptant des méthodes plus subtiles comme la cybercriminalité et évitant la violence ouverte.

Au sein de cette transformation, certains anciens gangsters ont décidé de tourner définitivement la page, à l’image de Takashi Nakamoto.
Ancien membre d’un clan impliqué dans des attaques à la grenade, des agressions et incendies criminels, Nakamoto a choisi une voie plus pacifique en ouvrant un restaurant spécialisé dans les udon, des nouilles japonaises traditionnelles.
Ce changement illustre parfaitement la transition de la Yakuza d’une société secrète violente à un groupe cherchant parfois à s’intégrer légitimement dans la société japonaise.

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