Incendie dans l’Aude : le désespoir des sinistrés

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Incendie dans l’Aude : le désespoir des sinistrés
France

« Je ne m’en relèverai jamais. » Nathalie Bueno est propriétaire d’une écurie détruite par l’incendie du 7 juillet, qui a ravagé 2 100 hectares autour de Narbonne, dans l’Aude. Sur son chemin, le feu a rattrapé trois chevaux, « ils n’ont pas pu s’en sortir », raconte-t-elle près de trois semaines après le sinistre. « C’est un impact sur toute une vie », confie-t-elle, « le soir de l’incendie, une page s’est tournée ».

« Les clients ont eu peur et sont partis », déplore Nathalie Bueno, qui cherche un repreneur pour sa structure située à Bages. Sur les quarante chevaux qu’elle gardait avant le sinistre, il n’en reste aujourd’hui qu’une vingtaine, dont une douzaine sous sa charge. Elle les avait recueillis parce qu’ils étaient trop vieux, abandonnés ou maltraités. Traumatisée, la gérante porte une douleur énorme qui la pousse, à 60 ans, « à partir faire une vie ailleurs ».

« Devoir tout recommencer »

Non loin de la zone d’activité de Sigean, d’où le feu est parti avant de parcourir plus de 600 hectares, le pavillon de Giorgio Laudani et de son épouse est désormais « inhabitable ». Les flammes, poussées par un vent de 70 km/h, ont atteint l’arrière de leur maison, relate ce retraité de 61 ans en indiquant les cimes d’arbres consumés.

Les braises sont entrées par la chatière et le feu a ravagé la maison de l’intérieur, détruisant le salon, l’entrée et une partie de la cuisine où le couple vivait depuis cinq ans. La toiture s’est effondrée avec ses panneaux solaires. Les sexagénaires ne pourront pas regagner leur domicile « avant au moins six mois », confie Giorgio Laudani, bouleversé à l’idée de « devoir tout recommencer ».

« C’est allé super vite »

Sur son terrain dévasté, Théo Balmigère déplore les carcasses brûlées de ses poules et de ses chèvres, le cabanon détruit et les voitures calcinées sur un tapis de cendres. Il y a les pertes matérielles, comme pour d’autres sinistrés des incendies de l’Aude, mais surtout « la peine de voir tout le travail acharné » de son père décédé « partir en fumée ».

En quelques minutes, le jeune homme de 24 ans a tout perdu. « C’est allé super vite », raconte-t-il, sur le terrain hérité de son père à Sigean, où il organisait des fêtes à la ferme, comme ce repas de 80 convives qui a dû être interrompu samedi, quand les flammes sont survenues. « Le feu est arrivé de derrière, il nous a coupés en deux ». Aux côtés de sa mère en pleurs, il relate sa fuite précipitée avec ses proches et les invités, contraint d’abandonner animaux et voitures, le chemin étant coupé par l’incendie.

« C’est la désolation complète »

Yvette Carbou, 83 ans, partage le même sentiment de désolation et d’impuissance devant ses cyprès noircis par le feu à Sigean. Cette éditrice de disques, qui vit là depuis trente ans avec son mari, a vu les immenses flammes s’approcher de sa maison, laissant le sol noirci à quelques mètres de la porte d’entrée. « Je n’ai jamais vécu une chose pareille », confie l’octogénaire, pour qui cette journée « a été un calvaire ».

L’éventualité que « la terre asséchée par le soleil » s’enflamme l’inquiétait depuis des années. Aujourd’hui, ses deux terrains en partie brûlés et les souches de vignes calcinées sous ses yeux lui « font mal au cœur ».

Quelques centaines de mètres plus loin, Nigel Borgesson, guitariste de rue anglais, marche péniblement sur son terrain. Installé sous une tente entre des branchages, il s’est précipité avec un jerrican d’eau face à « l’énorme feu » pour empêcher les flammes d’atteindre son abri de fortune. « Mais il n’y avait rien à faire », le feu a progressé « comme une vague rapide ».

Face à ce paysage sinistre, le regard azur de Nigel s’embue : « La vie était déjà pénible mais depuis lors, c’est la désolation complète ».

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire