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Neuf enfants âgés de 3 à 4 ans, scolarisés à l’école maternelle Les Aresquiers à Vic-la-Gardiole, dans l’Hérault, sont au cœur d’une enquête suite à des soupçons de violences sexuelles. Une femme de 59 ans, employée depuis octobre 2024 en tant qu’agent territorial spécialisé des écoles maternelles (Atsem) dans cet établissement, a été mise en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans. Elle a été placée en détention provisoire après la collecte des témoignages par les gendarmes de la brigade de recherche de Castelnau-le-Lez.
Le procureur de la République de Montpellier a communiqué au sujet des faits, évoquant notamment « des actes de pénétration digitale et de masturbation » présumés. Ces accusations graves ont conduit à la mise en examen de la suspecte, désormais écrouée, dans le cadre d’une procédure judiciaire.
Des enquêteurs spécialement formés pour recueillir la parole des enfants
La délicate mission d’auditionner de très jeunes victimes potentielles est confiée à des enquêteurs ayant reçu une formation spécifique. Thibaut, adjudant dans la brigade de recherche de Coulommiers en Seine-et-Marne, s’est engagé dans cette voie après avoir suivi plusieurs stages, dont une session de sensibilisation à l’audition des mineurs et une formation approfondie au centre national de formation à la police judiciaire. Cette préparation inclut une phase théorique sur la psychologie des enfants, différente de celle des adultes, ainsi que des mises en situation concrètes pour apprendre à mener ces auditions avec rigueur.
Le déroulement des auditions en salles dédiées « Mélanie »
Les auditions ont lieu dans des salles dites « Mélanie », spécialisées et aménagées au sein de commissariats ou brigades de gendarmerie. Baptisées ainsi en hommage à la première enfant dont l’audition a été enregistrée dans les années 1990, ces pièces sont conçues pour mettre les enfants en confiance et durent environ 45 minutes. Selon Thibaut, certains gendarmes restent en tenue pour rassurer les enfants tandis que d’autres privilégient le civil, mais aucun n’est armé lors des auditions.
La rencontre débute par une phase d’accueil où les enfants découvrent la salle et le rôle des enquêteurs, qui leur expliquent clairement qu’ils sont là pour les aider. Les règles de base, comme « ne pas mentir », sont exposées. Les enquêteurs invitent ensuite les enfants à se remémorer tous les détails de ce dont ils se souviennent. Puis des questions plus précises sont posées, portant sur les lieux, objets, actions et ressentis, en utilisant un vocabulaire adapté à leur âge. Lorsque les enfants emploient des mots qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes, on leur demande de les expliquer pour clarifier.
Ces salles sont volontairement dépourvues de jouets pour limiter toute distraction, avec seulement une petite table ronde, des chaises adaptées et un tapis doux. L’usage de poupées pour illustrer des parties du corps a été abandonné car il pouvait encourager un jeu improductif durant les auditions.
Des méthodes adaptées aux particularités des mineurs victimes
Contrairement aux adultes, les enfants ne verbalisent pas toujours clairement leurs souffrances, ils ne disposent pas de la même connaissance des mots ni de la distinction du bien et du mal, souligne la porte-parole de la police nationale, Agathe Foucault. Les salles « Mélanie », lumineuses et décorées avec soin, offrent un environnement sécurisé où les enfants peuvent aussi faire des pauses ou se défouler si besoin. Le nombre de ces salles a quasiment doublé, passant de 38 en 2019 à 71 aujourd’hui en zone police, avec un objectif d’une salle par département.
Certaines installations novatrices, comme celle de Saint-Quentin-en-Yvelines, proposent même un robot en forme de panda pour faciliter les échanges avec des enfants souffrant de troubles autistiques.
Lors des auditions, un enquêteur et un psychologue peuvent observer discrètement à travers une vitre sans tain et communiquer avec l’agent en charge via une oreillette. Toutes les auditions sont intégralement filmées et enregistrées, conformément à la législation en vigueur depuis 1998. Cette mesure évite de soumettre plusieurs fois l’enfant à un interrogatoire potentiellement traumatisant et permet de saisir des comportements révélateurs qui n’auraient pas été exprimés verbalement.
Une atsem mise en examen pour viols et agressions sexuelles sur enfants
Cette affaire répond à une problématique grave et trop souvent dissimulée des violences sexuelles sur mineurs. La mise en examen de cette assistante d’école maternelle met en lumière la nécessité d’une vigilance accrue et d’une prise en charge adaptée des victimes, notamment les très jeunes enfants.
