Sommaire
La France est confrontée à un véritable « tsunami blanc » de cocaïne qui touche désormais l’ensemble du territoire national, avec 3,7 millions de personnes ayant expérimenté cette drogue au moins une fois, dont 1,1 million en usage annuel. Cette situation s’accompagne d’un prix du gramme en baisse, passé de 70 à 58 euros ces cinq dernières années, malgré des saisies record atteignant 58 tonnes en 2024, soit plus du double qu’en 2023.
Une hausse des saisies en lien avec l’augmentation de la production
Le développement de la « clientèle » s’appuie sur un marché en pleine expansion, suivant la hausse spectaculaire de la production mondiale de cocaïne, notamment en Colombie où celle-ci a atteint 2 700 tonnes en 2023, soit une augmentation de 50 % par rapport à l’année précédente. La production se diversifie également dans d’autres pays d’Amérique latine peu connus jusqu’alors comme fournisseurs, tels que le Mexique, le Venezuela, le Guatemala, le Honduras et le Salvador.
Ces multiples filières d’importation rivalisent d’ingéniosité pour faire entrer la cocaïne en Europe, et la France apparaît comme une des principales portes d’entrée de ce narcotrafic.
240 000 personnes impliquées dans le trafic et une montée inquiétante de la violence
L’enquête estime que plus de 240 000 personnes sont directement ou indirectement impliquées dans le trafic de drogue en France, générant un chiffre d’affaires annuel de près de 7 milliards d’euros. Parmi elles, moins de dix organisations contrôlent la quasi-totalité des importations de cocaïne et coopèrent avec environ 5 000 semi-grossistes, qui à leur tour fournissent une multitude d’acteurs de terrain.
Cette main-d’œuvre illégale est présente sur tout le territoire et cette démultiplication des réseaux s’accompagne d’une recrudescence alarmante des violences liées au narcotrafic. En 2024, 367 assassinats ou tentatives d’assassinat entre trafiquants ont été recensés dans 173 villes françaises.
Le rapport souligne aussi la diversification des importations de marijuana, avec des saisies fréquentes de produits provenant de pays où sa consommation est légalisée, notamment la Thaïlande ou le Canada.
Digitalisation et nouvelles méthodes de distribution
Face à la pression policière efficace contre les points de vente physiques — leur nombre a diminué de près de 1 400 entre 2020 et 2025 — les narcotrafiquants innovent pour maintenir leur activité. Le rapport met en lumière l’usage croissant d’outils numériques permettant de fidéliser la clientèle et de recruter de la main-d’œuvre.
Les livraisons à domicile se sont largement développées, mais de nouvelles pratiques émergent, telles que la location temporaire d’appartements pour des points de deal éphémères, qualifiés d’« airbnbeuh ». Certains trafiquants utilisent également des boîtes à clés servant de lieu de transaction.
Par ailleurs, les équipes de narcotrafiquants n’hésitent plus à s’afficher publiquement, comme la DZ Mafia à Marseille, qui a diffusé une vidéo niant et condamnant un assassinat attribué à un contrôle policier, ou encore un groupe de Bagnols-sur-Cèze qui propose de compenser les nuisances provoquées par un point de vente en payant des fournitures scolaires et en réalisant des petits travaux de bricolage.