Mystère des lapins ‘Frankenstein’ du Colorado : un virus expliqué

par Olivier
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Mystère des lapins ‘Frankenstein’ du Colorado : un virus expliqué
États-Unis
Lapin queue-de-coton dans la nature, face à l'appareil photo

Quand la température monte en été, les choses deviennent parfois un peu étranges. La chaleur rend les gens plus agités, et la saison estivale voit souvent la publication d’articles plus insolites que d’habitude, les rédactions cherchant à combler un ralentissement politique et une actualité plus calme. Au Royaume‑Uni, cette période est connue sous le nom de « silly season » depuis les années 1860. En 2016, ce furent les « killer clowns », en 2020 l’apparition rapportée de mystérieux monolithes métalliques dans l’Utah et les États voisins. L’été 2025 a, lui, vu surgir une histoire inquiétante : des lapins étranges observés au Colorado — rapidement surnommés « lapins Frankenstein Colorado » sur les réseaux.

Selon des informations relayées localement, des habitants de Fort Collins ont commencé à remarquer que des lapins sauvages présentaient une apparence inédite, avec des excroissances noirâtres rappelant des piquants, des cornes ou des tentacules qui sortaient de leur visage (voir la vidéo). Des photos postées sur Reddit sont rapidement devenues virales, poussant les internautes à émettre toutes sortes d’hypothèses — certains y voyant des créatures lovecraftiennes, d’autres faisant le lien avec des images fictionnelles de mutants ou de zombies.

Malgré l’imagerie effrayante, la réalité est plus prosaïque : ces transformations sont causées par un virus. Heureusement, il ne représente pas un danger pour la population humaine, même si la vision des animaux infectés a suscité inquiétude et fascination.

Le virus responsable des excroissances faciales

Gros plan sur un lapin présentant des excroissances cutanées faciales

Les experts ont rapidement identifié la cause des mutations observées chez les lapins à queue‑de‑coton du Colorado. Loin d’être des piquants ou des tentacules, il s’agit de tumeurs verruqueuses constituées de kératine — la même matière organique qui compose cheveux et ongles chez l’humain — provoquées par le Shope papillomavirus. Ces excroissances peuvent apparaître sur le visage, mais aussi sur le cou et le corps des lapins infectés. La transmission se fait notamment via des morsures d’insectes tels que les tiques.

Le virus doit son nom au Dr Richard E. Shope, qui l’a découvert dans les années 1930, mais il n’est pas nouveau. Des récits et folklores anciens, comme la légende du « jackalope » (lapin cornifié), laissent entendre que des observateurs avaient déjà remarqué, des générations auparavant, des lapins portant des excroissances avant même la compréhension du papillomavirus.

Le virus peut‑il affecter l’homme ?

Femme allongée caressant un lapin domestique

Heureusement, il n’existe aucune preuve que le Shope papillomavirus puisse se transmettre à l’homme ou à d’autres espèces animales. Les autorités recommandent toutefois d’éviter tout contact entre animaux domestiques et lapins sauvages comme les cottontails. Le virus peut en revanche infecter les lapins domestiques : les propriétaires doivent consulter un vétérinaire s’ils suspectent l’apparition d’excroissances, car les symptômes peuvent être plus graves chez les lapins d’élevage que chez les populations sauvages.

Il convient de distinguer le Shope papillomavirus du papillomavirus humain (HPV). Ce dernier est très courant chez l’humain, avec plus d’une centaine de souches généralement responsables d’infections cutanées souvent asymptomatiques. Certaines souches se transmettent sexuellement et peuvent toucher la bouche, la gorge et les organes génitaux en provoquant des verrues ; elles sont aussi associées à un risque accru de cancer. Il n’existe pas de remède universel au HPV, mais des vaccins sont disponibles.

Les lapins peuvent‑ils être guéris ?

Lapin debout dans une herbe haute

Il n’existe malheureusement pas de traitement efficace connu contre le Shope papillomavirus chez les cottontails du Colorado et d’ailleurs. Malgré l’aspect alarmant des lésions, les lapins peuvent vivre avec le virus : les excroissances sont indolores et, dans la plupart des cas, restent sans danger et finissent par disparaître lorsque l’animal se débarrasse de l’infection. Un résident du Colorado a raconté avoir repéré un lapin « cornu » une année, puis l’avoir revu l’année suivante en bonne santé apparente, ses excroissances ayant juste augmenté de volume.

Cependant, comme pour le HPV humain, l’infection augmente le risque de cancer, surtout chez les lapins domestiques. Ce n’est que si un cancer se développe ou si les excroissances gênent gravement l’animal (empêchant de manger, de boire ou de respirer) qu’un vétérinaire envisagera l’euthanasie ou une intervention.

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