Sécuriser les musées : le cambriolage du Muséum de Paris alerte

par Olivier
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Sécuriser les musées : le cambriolage du Muséum de Paris alerte
France

La disparition a été signalée vers 10 heures par une femme de ménage. Dans la nuit de lundi à mardi, le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris a été la cible d’un cambriolage musée : plusieurs pépites d’or natif exposées dans la galerie de géologie et de minéralogie ont été dérobées. Selon les premiers éléments, les malfaiteurs sont entrés dans le bâtiment situé dans le Jardin des Plantes à l’aide d’une disqueuse retrouvée dans la cage d’escalier ; ils l’auraient utilisée pour scier une porte de secours. Les voleurs ont ensuite employé un chalumeau pour brûler et briser la vitre blindée de la vitrine contenant ces spécimens.

Au total, 6 kg de métal précieux ont été emportés. Si la valeur des spécimens, évaluée au cours de l’or brut, est d’environ 600 000 euros, le Muséum souligne leur « valeur patrimoniale inestimable » et déplore « cette perte inestimable pour la recherche, le patrimoine et sa diffusion auprès du public ». L’établissement précise avoir saisi les unités de la préfecture de police de Paris dès la constatation de l’infraction.

Plusieurs autres vols récents

Ces faits s’inscrivent dans une série d’attaques contre des établissements culturels ces derniers mois. En novembre 2024, le musée Cognacq-Jay, à Paris, a été braqué : quatre malfaiteurs cagoulés, arrivés sur des scooters, ont brisé des vitrines avec des battes de baseball et des haches selon la technique dite du « smash and grab ». Les auteurs ont emporté plusieurs œuvres et tabatières de très grande valeur historique et patrimoniale, des pièces dont certaines étaient prêtées par le musée du Louvre. Paris Musées en a fait état dans un communiqué publié par le musée.

Le lendemain de ce braquage, un trésor de joaillerie a été visé lors d’un vol à main armée dans un musée d’art sacré en Saône-et-Loire. Quatre malfaiteurs ont dérobé une relique d’art sacré estimée entre 5 et 7 millions d’euros au musée du Hiéron, à Paray-le-Monial. Les voleurs, arrivés en pleine journée à moto, ont brisé les vitres blindées avec une tronçonneuse à disque et ont arraché la majorité des figurines, endommageant gravement l’œuvre malgré des renforts de sécurité mis en place après des incidents antérieurs.

Un cambriolage « bien préparé »

Plus récemment, le 4 septembre, des cambrioleurs se sont introduits par effraction au musée national Adrien‑Dubouché de Limoges et ont dérobé « deux plateaux chinois d’une valeur de plus de 6 millions d’euros, ainsi qu’un vase », a indiqué le parquet. Une enquête a été ouverte pour vol aggravé de biens culturels exposés dans un musée de France, commis en réunion et avec dégradations.

L’enquête sur le vol au Muséum national d’Histoire naturelle a été confiée à la Brigade de répression du banditisme pour « vol en bande organisée ». « Compte tenu du mode opératoire et des matériels abandonnés sur place par les auteurs, on peut supposer que le cambriolage avait été bien préparé. De probables repérages préalables et peut‑être aussi des renseignements obtenus par du personnel », explique Yvan Assioma, responsable Île‑de‑France du syndicat Alliance Police nationale. « Toutes les pistes sont explorées par les enquêteurs. »

Sécurité renforcée

Les faits interviennent quelques semaines après une cyberattaque massive qui avait paralysé une partie du réseau informatique du musée ; une source policière indique que des caméras et alarmes de surveillance avaient alors été neutralisées. Pour des raisons de sécurité et d’enquête, la galerie de géologie et de minéralogie reste fermée au public jusqu’à nouvel ordre et fait l’objet de mesures de surveillance renforcée, précise le Muséum.

Le Muséum, qui a accueilli en 2024 plus de 3,2 millions de visiteurs, peut solliciter l’aide de conseillers sûreté mis à disposition par le ministère de la Culture. Ces conseillers apportent assistance et conseil, et formulent des recommandations en matière d’organisation, de procédures et de techniques liées à la sécurisation des établissements culturels ; ils réalisent également des audits de sûreté dans les musées de France. Après le braquage du musée de Limoges, l’un de ces conseillers sûreté, Guy Tubiana, avait demandé aux musées « de faire extrêmement attention » et, pour les œuvres très précieuses, d’envisager temporairement de les retirer.

« Les malfaiteurs cherchent toujours de nouvelles cibles de profits », observe Yvan Assioma, qui ajoute : « La sécurité de ce type d’établissement mériterait certainement d’être renforcée. » Le ministère de la Culture n’a pas donné suite.

Sources liées : communiqué du musée Cognacq-Jay, ministère de la Culture, communiqué du Muséum et intervention de spécialistes sur TF1.

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