Santé mentale des managers en danger : étude alarmante de l’Apec

par Olivier
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Santé mentale des managers en danger : étude alarmante de l'Apec
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La cocotte-minute siffle et elle pourrait exploser. Selon une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) publiée ce jeudi, les cadres — et tout particulièrement les managers — sont confrontés à de forts risques pour leur santé mentale. L’étude met en lumière une dégradation alarmante de la santé mentale managers, liée à des « injonctions au dépassement de soi » pesant sur ces catégories de salariés.

De plus en plus de pression, de moins en moins de limites

Les cadres déclarent plus souvent travailler « toujours » ou « souvent » sous pression : 41 % contre 24 % pour les non-cadres. Sujet à la sur-sollicitation, un grand nombre d’entre eux (76 %) travaille au moins ponctuellement pendant leur temps libre, contre 38 % des non-cadres.

Pour 32 % des cadres, le travail entraîne « souvent » stress intense, épuisement, anxiété, irritabilité ou déprime, une proportion encore plus élevée chez les femmes et chez les moins de 35 ans.

Malgré ces difficultés, les arrêts de travail restent exceptionnels : les deux tiers des cadres déclarant une santé mentale dégradée n’ont pas été arrêtés par leur médecin au cours des 12 derniers mois.

Manque de formation et d’autonomie

Si les entreprises multiplient les actions liées au bien‑être, les cadres jugent souvent ces mesures peu concrètes et insuffisantes face aux véritables facteurs de risque. Une large majorité de managers (93 %) estime qu’il lui incombe de prévenir les problèmes de santé mentale au sein de son équipe, mais 69 % reconnaissent que trouver des solutions est difficile.

En l’absence de formation adaptée, d’autonomie décisionnelle suffisante, ou parce qu’ils sont parfois eux‑mêmes à l’origine des difficultés, de nombreux managers « bricolent » des réponses pour tenter d’y faire face.

Des cordonniers bien mal chaussés

L’étude souligne un paradoxe : les managers sont à la fois des acteurs clés pour garantir la santé mentale de leurs équipes et des profils particulièrement vulnérables sur ce sujet. Leur vulnérabilité s’explique notamment par un déficit de formation au management et par le fait qu’ils sont en première ligne pour porter les réorganisations au sein des entreprises.

Au cœur des questionnements, la notion de dépassement de soi apparaît comme liée à « l’identité cadre » — et plus encore à celle de manager —, une posture qui peut conduire à des réactions aggravant les problèmes de santé mentale.

Cette étude se fonde sur une enquête en ligne réalisée auprès d’un échantillon de 2 000 cadres salariés du secteur privé, complétée par des entretiens avec 30 managers et des professionnels de la santé mentale.

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