Déchetteries : Accès contrôlé pour assurer une meilleure gestion

par Olivier
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Déchetteries : Accès contrôlé pour assurer une meilleure gestion
France

L’essentiel

  • À l’entrée des déchetteries, de plus en plus de barrières sont érigées pour vérifier l’adresse des habitants.
  • Un flicage ? Non, plutôt un moyen de s’assurer que les contribuables d’un territoire ne paient pas pour les autres.
  • Les collectivités assurent aussi avoir une meilleure connaissance des flux qui transitent.

Appelez ça un pass, une carte, un titre d’accès ou un badge : ne l’oubliez pas si vous vous rendez à la déchetterie, sous peine de devoir faire demi‑tour — pas pratique quand on manœuvre une remorque. Longtemps ouvertes à tous, les déchetteries françaises restreignent de plus en plus leur accès aux seuls habitants d’un territoire donné. Objectif : limiter les dépenses alors que le coût de traitement des déchets ne cesse de grimper, et réduire des allées et venues qui font exploser les apports.

En Bretagne, réputée pour être la championne de France du tri, des barrières s’installent progressivement, transformant certains sites en lieux d’accès contrôlé. À Liffré (Ille‑et‑Vilaine), les élus ont fini par céder à la pression des communes voisines. À partir du 1er novembre, les 90 000 habitants du syndicat mixte Valcobreizh devront être munis d’un badge pour accéder aux déchetteries, selon la décision prise localement.

« Nos habitants payent une redevance. Ce n’est pas normal qu’elle serve à payer pour les autres », explique Ronan Salaün, président du Smictom situé aux portes de Rennes. Autour de Liffré, plusieurs communes ont déjà mis en place le contrôle d’accès : Dinan, Fougères, Vitré et Saint‑Malo prévoient ou ont prévu des dispositifs similaires. Les élus ont aussi constaté les effets d’interdictions locales — par exemple la décision de Rennes métropole sur les tontes de pelouse — qui ont modifié les pratiques d’apport.

Conséquence tangible : l’an dernier, l’ensemble des sites du territoire a vu les quantités collectées bondir de 6 % par rapport à 2023.

Un investissement vite amorti

Pour équiper les accès, le Smictom Valcobreizh a prévenu ses habitants et déboursé un peu plus de 200 000 euros pour les cartes, le logiciel et les barrières. « On table raisonnablement sur une baisse des apports de 5 %. Si on atteint cela, on aura amorti l’investissement en un an », assure Ronan Salaün.

L’agglomération voisine de Fougères a entamé ce choix il y a dix ans, mais de façon progressive. « On ne voulait pas équiper tous nos sites car certains sont trop petits ou vont à terme disparaître », explique Serge Boudet, président du Smictom du pays de Fougères. Le dispositif permet déjà de distinguer les particuliers des professionnels — ces derniers doivent payer et sont facturés — et offre des outils statistiques pour mieux connaître les flux.

« Contrôler les accès, c’est aussi un moyen pour nous de faire des statistiques et de savoir quand les gens viennent. On peut adapter nos horaires d’ouverture et le nombre d’agents présents », poursuit Serge Boudet. « Si on voit que quelqu’un vient trois fois par semaine, on pourra essayer de comprendre pourquoi. Ce n’est pas du flicage, c’est un outil de statistique », ajoute Ronan Salaün.

La mise en place d’un tel système peut être longue : certaines collectivités évoquent des contraintes techniques et des délais de développement numérique. La métropole voisine précise qu’un justificatif de domicile peut être demandé pour l’accès, même si, dans les faits, ce n’est pas systématique.

La crainte des dépôts sauvages

Ces systèmes de contrôle ne sont pas toujours bien perçus par les usagers. Un habitant raconte s’être présenté à une déchetterie voisine alors que sa déchetterie habituelle était fermée : l’agent a refusé l’entrée et il a dû emprunter le badge d’une automobiliste pour franchir la barrière. Dans certains territoires, le nombre de passages est en effet limité.

À Janzé et dans tout le Smictom sud‑est 35, les habitants ont droit à 18 passages par an. À Fougères et Liffré, les passages restent illimités pour l’instant. « La réflexion est en cours. Mais on ne veut pas non plus modifier les comportements. Notre intérêt, c’est que nos habitants trient au maximum leurs déchets et que nous puissions les valoriser », insiste Serge Boudet.

Avec un nombre limité de passages, certaines collectivités craignent toutefois une augmentation des dépôts sauvages ou un report vers les poubelles d’ordures ménagères — un effet contraire à l’objectif affiché de ces dispositifs de contrôle d’accès et de meilleure gestion du recyclage.

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