Sommaire
L’essentiel
- En France, près de 54 000 disparitions sont signalées chaque année aux forces de l’ordre, dont environ 10 000 restent non élucidées.
- Pour redonner de la visibilité à ces dossiers, deux Français ont lancé l’application Black-Track, qui répertorie et géolocalise des affaires non résolues.
- L’appli compte environ 25 000 utilisateurs en France et plus de 350 affaires sur une carte interactive ; les informations fournies sont vérifiées par des journalistes d’investigation avant d’être transmises aux enquêteurs.
En France, près de 54 000 disparitions de personnes sont signalées chaque année aux forces de l’ordre. Et près de 10 000 d’entre elles ne sont pas élucidées, selon les chiffres de la gendarmerie nationale. S’y ajoutent des crimes de sang non résolus, des meurtres dont le nombre exact demeure incertain. Le bilan du pôle spécial « cold case » de Nanterre en 2024, après seulement deux ans d’activité, donne néanmoins une idée de l’ampleur du travail avec 385 affaires étudiées. Pour que toutes ces personnes ne tombent pas dans l’oubli et pour tenter de retrouver les disparus ou les coupables, deux Français ont lancé l’application Black-Track.
« Une disparition inquiétante chasse l’autre, et c’est pareil pour les faits divers : il n’y a quasiment pas de suivi dans les médias, » constate Gina Ranalli, cofondatrice de Black-Track. « L’idée de notre application est d’abord de redonner de la visibilité à des affaires qui s’accumulent, et pour lesquelles on oublie souvent qu’il y a des familles et des victimes derrière, et des coupables qui courent toujours. »
Plus de 350 affaires répertoriées
L’appli Black-Track est sortie il y a deux ans en France, puis lancée en Belgique, en Suisse, au Canada et cet été aux États‑Unis. « En France, on compte environ 25 000 utilisateurs et déjà plus de 350 affaires répertoriées », précise la cofondatrice. Parmi elles figurent des dossiers très médiatisés comme Delphine Jubillar ou Xavier Dupont de Ligonnès, mais la plupart restent peu connues du grand public.
« L’idée est de dépasser les frontières des pays où sont nées les affaires, parce qu’une personne disparue en France peut très bien se trouver ailleurs, » explique Gina Ranalli. Chaque cas est géolocalisé sur une carte interactive qui permet, en un clic, d’accéder à tous les détails du dossier. « Ces dossiers sont réalisés en collaboration avec les familles, les avocats et toutes les informations rassemblées par nos journalistes d’investigation. »
Ces mêmes journalistes vérifient « sous 24 à 48 heures » les informations, indices et pistes fournies par les utilisateurs de l’application, afin d’assurer la fiabilité des éléments transmis aux enquêteurs.
Xavier Dupont de Ligonnès court toujours
Le caractère innovant de Black-Track tient au fait que chacun peut apporter sa contribution à une enquête. Dans un échange de bons procédés, les informations collectées et vérifiées par l’application sont ensuite transmises aux services d’enquête de la police ou aux avocats en charge des dossiers. « Même une simple réflexion extérieure à une affaire peut apporter un éclairage différent et faire avancer les choses, » ajoute Gina Ranalli.
Si Black-Track a déjà relayé des informations aux enquêteurs ou aux avocats, le secret des procédures empêche de mesurer précisément leur utilité. « Je n’ai pas encore connaissance de cas d’affaires résolues grâce à nous, » reconnaît-elle. L’affaire Xavier Dupont de Ligonnès figure en tête des dossiers consultés sur l’application — et il n’a jamais été retrouvé.
