L’essentiel
- L’ONG Transport et Environnement qualifie les hybrides rechargeables d’« une des pires déceptions de l’histoire automobile » : leur consommation réelle atteint en moyenne 5,9 l/100 km au lieu des 1,5 l/100 km annoncés, faisant payer aux conducteurs environ 500 € de plus par an.
- Ces véhicules émettraient en moyenne un taux de CO2 « 300 % supérieur » aux chiffres officiels, avec un pic de « +494 % en moyenne » pour Mercedes‑Benz, principalement parce que les conducteurs circulent souvent avec la batterie déchargée.
- La fédération demande que la prochaine loi de finances pour 2026 empêche les grandes flottes de compter les hybrides rechargeables pour atteindre leurs objectifs de verdissement, estimant qu’ils ne décarbonent pas efficacement le transport routier.
« Les hybrides rechargeables sont l’une des pires déceptions de l’histoire automobile ». C’est en ces termes que Transport et Environnement résume ce type de véhicules. Cette fédération regroupe des organisations nationales à but non lucratif qui s’intéressent à l’impact des transports sur l’environnement et la santé. « Ils consomment plus que prévu, coûtent cher à leurs propriétaires à l’achat comme à l’usage, et ne permettent pas de décarboner le secteur routier », estime Bastien Gebel, responsable décarbonation de l’industrie automobile. Selon lui, il est temps de cesser de considérer ces voitures comme des véhicules à faibles émissions, notamment pour les flottes d’entreprises.
Dans une étude publiée ce jeudi, l’organisme dresse un bilan sévère des hybrides rechargeables, ces véhicules équipés à la fois d’un moteur électrique et d’un moteur thermique. En analysant les données collectées par l’Agence européenne de l’environnement via les capteurs embarqués de 800 000 véhicules hybrides immatriculés entre 2021 et 2023, Transport et Environnement constate que la consommation moyenne réelle s’établit à 5,9 l/100 km — loin des 1,5 l/100 km annoncés par la norme — ce qui se traduit par un surcoût d’environ 500 € par an pour le conducteur.
Production de CO2 supérieure à 300 % aux chiffres officiels
Une explication importante de cette surconsommation : les conducteurs d’hybrides rechargeables roulent fréquemment avec la batterie déchargée, ce qui augmente fortement la consommation d’essence. Mais ce n’est pas le seul facteur. Même lorsqu’ils sont conduits en mode « électrique », ces véhicules utilisent une quantité non négligeable de carburant — environ 3 l/100 km en moyenne — et émettent environ 68 g de CO2/km, soit plus de huit fois les valeurs attendues.
L’étude souligne également que, paradoxalement, les voitures les plus récentes dégagent davantage de CO2 : les batteries sont de plus en plus volumineuses mais, en l’absence d’une recharge régulière, elles sont peu utilisées par les conducteurs. L’ensemble des constructeurs est concerné par cet écart entre données officielles et émissions réelles, l’étude faisant état d’une moyenne d’émissions de CO2 « 300 % supérieures » aux chiffres déclarés. Mercedes‑Benz enregistre l’écart le plus important dans cette analyse, avec « +494 % en moyenne ».
Alarmée par ces résultats, la fédération demande que la prochaine loi de finances pour 2026 n’autorise plus les grandes flottes à comptabiliser les hybrides rechargeables pour atteindre leurs objectifs de verdissement, estimant que ces véhicules ne contribuent pas efficacement à la décarbonation du secteur routier.
