La journaliste de Libération Julie Brafman a reçu samedi le 87e prix Albert Londres pour ses chroniques judiciaires, a annoncé le jury réuni à Beyrouth. Cette distinction confirme l’importance du prix Albert Londres comme la récompense la plus prestigieuse de la presse francophone.
Outre le prix de la presse écrite, le prix du livre a été attribué à la Franco‑Russe Elena Volochine pour Propagande, l’arme de guerre de Poutine (Éditions Autrement). Le prix de la télévision est, lui, revenu à Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour Le syndrome de la Havane, une série documentaire de Canal+ aux allures de film d’espionnage.
Un « endroit merveilleux du journalisme »
Couronnée dans la catégorie reine, presse écrite, Julie Brafman s’est dite « très heureuse » que le prix mette en lumière l’exercice particulier des comptes rendus de procès. « La chronique judiciaire est un endroit merveilleux du journalisme », a‑t‑elle déclaré, soulignant qu’elle permet de raconter « des histoires humaines ».
Elle a été récompensée pour ses articles couvrant deux procès médiatiques — celui du chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec et celui des braqueurs de la star américaine Kim Kardashian — ainsi que pour deux affaires plus confidentielles, des dossiers de bébé secoué en Alsace et un parricide près d’Angers. « Outre les procès qui font l’actu, je choisis d’en couvrir d’autres, hors radar, quand j’estime que l’affaire dit quelque chose de la société et des sentiments humains », a expliqué la journaliste.
Le jury a salué « la force de l’écriture de cette grande reporter des prétoires, la précision poétique de ses récits, la profondeur de son analyse, son empathie intelligente » qui « nous font pénétrer l’univers des procès ».
Les journalistes palestiniens honorés
Une médaille d’honneur a été décernée aux journalistes palestiniens travaillant dans la bande de Gaza, représentés à la cérémonie par Adel Zaanoun, coordinateur du bureau AFP à Gaza. Cette distinction récompense « le travail essentiel de tous les reporters présents sur le terrain », a indiqué le jury, qui a également appelé à ce que la presse étrangère puisse « enfin entrer » dans le territoire palestinien.
La capitale libanaise devait initialement accueillir le prix Albert Londres en 2024, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban avaient contraint le jury, composé d’anciens lauréats, à rapatrier ses travaux à Paris. L’an dernier, la journaliste Lorraine de Foucher, du Monde, avait obtenu le prix de l’écrit pour ses articles sur les viols de Mazan, les migrantes violées et les victimes de l’industrie du porno.
Créé en 1933 en hommage au journaliste Albert Londres (1884‑1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5 000 euros pour chacun des lauréats, qui doivent avoir moins de 41 ans. Le prix du reportage audiovisuel a été créé en 1985 et celui du meilleur « livre d’enquête et de reportage » en 2017.
