Le tribunal de Nanterre a condamné mercredi soir un étudiant de 23 ans à un an d’emprisonnement avec sursis pour la profanation de la tombe de Robert Badinter, commise quelques heures avant la panthéonisation de l’ancien garde des Sceaux le 9 octobre dernier.
Présenté en comparution immédiate, l’étudiant, élève d’une grande école d’ingénieurs, était poursuivi pour profanation de sépulture et dégradation du bien d’autrui. Il a reconnu les faits à chaque étape de la procédure. La peine, conforme aux réquisitions du parquet, comprend également un stage de citoyenneté, une obligation de soins et 140 heures de travaux d’intérêt général.
Un « royaliste loyaliste »
La profanation avait été découverte au petit matin au cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine) : des inscriptions hostiles à Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort, avaient été peintes en bleu sur sa sépulture. La pierre elle‑même n’a pas été détériorée et a été rapidement nettoyée par les services municipaux.
À l’audience, le prévenu, qui se décrit comme « royaliste loyaliste », a expliqué avoir très mal vécu l’hommage national rendu à Robert Badinter. Il a aussi évoqué un intérêt récent pour Jean‑Marie Le Pen, dont la tombe avait été dégradée quelques mois plus tôt. « C’est vrai, ce que j’ai fait, c’était lâche », a‑t‑il concédé en présentant ses excuses à la famille.
De « l’humour noir »
Le président du tribunal, Benjamin Deparis, a dit être frappé par les motivations du jeune homme : « Comment des écoles censées former des élites peuvent attirer dans leurs rangs des personnes ayant un tel projet criminel », a‑t‑il interrogé. L’enquête a par ailleurs mis en évidence la présence de deux croix gammées dans ses cahiers, que le prévenu a tenté de justifier comme étant de « l’humour noir ».
Les gendarmes ont rapidement identifié le suspect grâce aux images de vidéosurveillance et au bornage de son téléphone. Une carte annotée du cimetière, indiquant l’emplacement précis de la tombe, a été retrouvée à son domicile. Son avocate, Me Fanny Ginsburg, a reconnu une préméditation, tout en estimant que la détermination « n’était pas aboutie ».
Le jeune homme, jusque‑là inconnu de la justice, avait été interpellé mardi matin. Élisabeth Badinter n’était pas présente lors de l’audience. Le président de la République a condamné « la volonté de souiller la mémoire » de l’ancien ministre, rappelant que « la République est toujours plus forte que la haine ».
L’enquête et le procès s’inscrivent dans le dossier plus large de la profanation tombe Robert Badinter, affaire qui a suscité une forte émotion nationale.
