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Un phénomène en pleine expansion en Europe
Depuis plusieurs années, un phénomène inquiétant se développe en Europe : des adolescents sont recrutés par des réseaux criminels pour commettre des actes violents. Initialement apparu en Suède, ce phénomène s’est progressivement étendu aux pays nordiques comme la Norvège, le Danemark ou les Pays-Bas, avant de toucher la France, la Belgique, l’Allemagne et l’Espagne depuis un à deux ans.
Si l’implication de mineurs dans des activités criminelles telles que le trafic de drogue n’est pas nouvelle, le rôle qu’ils jouent a évolué. Ces jeunes adolescents deviennent désormais des exécutants directs de crimes violents pour le compte de groupes criminels, notamment comme tueurs à gages.
Des missions dangereuses confiées à de très jeunes adolescents
La majorité du temps, ces adolescents sont chargés de commettre des meurtres ciblés. Ils reçoivent des instructions précises, parfois des armes ou des engins explosifs à déposer, souvent sans aucune formation préalable. Cette stratégie permet aux organisations criminelles de déléguer les actes les plus violents qu’elles préfèrent ne pas exécuter elles-mêmes.
Un recrutement en ligne, anonyme et massif
Le processus de recrutement s’opère presque exclusivement sur Internet, via les réseaux sociaux ou les plateformes de jeux vidéo en ligne. Les recruteurs utilisent des vidéos d’endoctrinement souvent stylisées comme celles des influenceurs, créant un sentiment d’appartenance à une communauté victorieuse et violente. Ces contenus mettent en scène des armes et de la violence, attirant ainsi des adolescents, souvent âgés de 12 à 15 ans, sans qu’ils mesurent réellement les conséquences.
De jeunes recruteurs eux-mêmes, comme un adolescent suédois vivant en Espagne, peuvent être à l’origine de la diffusion de ces vidéos et du recrutement d’une centaine de jeunes pour des organisations criminelles. Des arrestations ont également eu lieu à l’étranger, comme en Australie, impliquant d’autres mineurs dans ces réseaux.
Un fonctionnement totalement dématérialisé
Après leur recrutement, les adolescents n’ont généralement jamais rencontré leurs commanditaires. Les contrats sont passés en ligne, ils reçoivent les armes et le paiement numérique, souvent des milliers d’euros. Faute de formation, de nombreux jeunes se blessent ou provoquent des bavures, engendrant également des victimes collatérales.
Une précarité en marge des réseaux criminels
Ces adolescents demeurent des outils interchangeables pour les organisations criminelles, sans véritable lien ni soutien. Aucune stratégie d’accompagnement ou de sortie n’est prévue par les recruteurs. En cas de refus de récidiver, ces jeunes ou leurs familles peuvent être victimes de pressions et menaces. Leur vulnérabilité rend difficile toute évasion de ce cercle vicieux.
La lutte européenne face aux ados tueurs à gages
Face à cette menace montante, huit pays européens ont lancé fin avril une task force sous l’égide d’Europol pour mieux cerner et combattre ce phénomène. L’objectif est de mutualiser les ressources et expertises nationales, mais aussi de travailler de concert avec les plateformes en ligne pour limiter la visibilité des contenus liés au recrutement de ces adolescents tueurs à gages, notamment par l’identification de mots-clés spécifiques.
Plusieurs dizaines d’ados tueurs à gages identifiés par Europol
