À Lestelle-Bétharram, des annonces récentes concernant la vente de biens immobiliers dévoilent la stratégie adoptée par la congrégation des pères de Notre-Dame de Bétharram pour assumer son passé. Cette démarche vise à financer l’indemnisation des victimes de violences sexuelles commises par certains membres de la congrégation, conformément aux informations rapportées par France Bleu.
Ces ventes, annoncées début mars, alimentent un fonds dédié aux réparations versées aux victimes reconnues par la Commission de reconnaissance et réparation (CRR). La congrégation affirme avoir déjà versé 700 000 euros, soit 60 % de ses ressources, à 19 victimes d’agressions sexuelles prescrites perpétrées par des religieux.
Des biens historiques mis en vente
Parmi les propriétés en vente figurent deux maisons anciennes situées directement à Lestelle-Bétharram, village impacté par les révélations autour de l’établissement catholique privé Notre-Dame de Bétharram. L’une de ces demeures, construite au début du XIXe siècle, s’étend sur 180 m² avec un vaste terrain et est proposée à 44 500 euros. Une autre bâtisse datant de 1818 offre 12 pièces réparties sur 380 m², un terrain de 1 400 m² ainsi qu’une dépendance. Le tout est mis en vente à un prix de 210 000 euros, négociable.
Interrogé, l’agent immobilier en charge de ces transactions est resté silencieux, tout comme la congrégation. Le père Ruspil, vicaire régional, a simplement précisé : « On a un agent immobilier, on a déjà dit ce qu’on avait à dire, il s’agit d’une transaction privée. »
Contexte et réactions
L’affaire Bétharram a suscité une vive émotion, notamment après la révélation de multiples plaintes pour agressions sexuelles visant des prêtres, surveillants et responsables de l’établissement. Ces actes de violence, incluant des faits graves organisés parfois en groupe, ont conduit à un élan judiciaire important ainsi qu’à la mise en place de mesures destinées à accompagner et indemniser les victimes.
Face à la gravité des faits, des autorités comme le Premier ministre François Bayrou ont annoncé des mesures supplémentaires pour accélérer l’enquête. Ces démarches visent à renforcer la prise en charge des victimes, à garantir la transparence des investigations, et à assurer la réparation effective des dommages causés.
Les témoignages des victimes évoquent notamment des violences qui se déroulaient fréquemment la nuit, dans l’internat. Cette réalité a conduit à un réexamen des dispositifs d’alerte dans les établissements accueillant des mineurs, avec l’objectif d’établir des mécanismes de prévention plus rigoureux afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise.