Christian Brückner, désigné comme suspect principal de l’Affaire Maddie depuis 2020, s’apprête à retrouver la liberté. Cet Allemand de 48 ans a fini de purger sa peine pour le viol commis en 2005 sur une septuagénaire américaine à Praia da Luz. À ce jour, rien ne permet toutefois de l’inculper formellement dans la disparition de la fillette britannique, en mai 2007, alors âgée de trois ans et en vacances avec ses parents à Praia da Luz : la petite a disparu de la chambre d’hôtel qu’elle partageait avec son frère et sa sœur.
Pendant quinze ans, les investigations ont enchaîné les impasses. Les parents ont un temps été soupçonnés puis blanchis. Les enquêteurs ont ensuite étudié des pistes impliquant deux pédocriminels écossais, puis un premier ressortissant allemand, sans aboutir. En 2020, la police allemande a désigné Christian Brückner comme suspect n°1. Outre-Rhin, le procureur s’est dit « convaincu » de sa culpabilité, évoquant « des preuves ou des faits concrets », tout en reconnaissant l’absence d’éléments suffisants pour une inculpation.
Pas d’éléments accablants
La perspective de libération met en lumière les difficultés des enquêteurs. Au moment de la disparition, Christian Brückner vivait à sept kilomètres du lieu de villégiature de la famille. Son téléphone a été localisé le soir du drame à proximité du logement des McCann. Son casier judiciaire comporte dix-sept condamnations et plusieurs affaires de violences sexuelles : en 1994, alors mineur, il a été condamné pour « acte sexuel devant un enfant » ; en 2016, pour détention d’images pédopornographiques.
Pour autant, relier Brückner de façon irréfutable à la disparition de la fillette reste impossible. Au cours des cinq dernières années, aucune preuve accablante n’a été mise au jour. Les recherches, y compris plusieurs opérations de fouilles menées pour tenter de retrouver un corps ou des traces d’ADN, n’ont livré aucun élément décisif. La dernière opération, conduite en juin et présentée comme une « dernière chance » avant la libération prévue du suspect, est restée infructueuse.
Un acquittement en 2024
Cette libération ne constitue pas le premier revers judiciaire dans ce dossier. En 2024, Christian Brückner a été jugé devant une cour d’assises pour trois viols et deux agressions sexuelles commis dans le sud du Portugal. Le procès, très médiatisé en Allemagne, a vu les procureurs décrire l’accusé comme un « dangereux sadique psychopathe ». En octobre, après plusieurs mois de délibérations, la cour a rendu un verdict d’acquittement, soulignant le manque de preuves, notamment l’absence d’ADN dans les différentes affaires. C’est cette décision qui a scellé sa remise en liberté.
La situation illustre l’enchevêtrement des éléments matériels manquants et les limites d’enquêtes menées des années après les faits. Les investigations sur l’Affaire Maddie se poursuivent, mais sans certitude qu’elles aboutissent à une inculpation formelle.