Agressions sexuelles à Montreuil : familles en quête de justice

par Olivier
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Agressions sexuelles à Montreuil : familles en quête de justice
France

L’essentiel

  • Une infirmière de 25 ans de l’hôpital André Grégoire de Montreuil et son ancien amant de 28 ans ont été mis en examen en août dernier pour des agressions sexuelles sur des nourrissons. Les enquêteurs ont, à ce stade, identifié deux victimes.
  • Plusieurs familles ont tenté de se constituer partie civile. Mais le juge d’instruction a refusé 13 demandes, estimant que « seules les victimes certaines, qui ont directement souffert du dommage causé par l’infraction », peuvent effectuer une telle démarche.
  • Les avocates des familles contestent cette décision et ont interjeté appel. « Mes clients ont hospitalisé leur enfant pendant la période où les faits ont été commis et ils ont croisé le chemin de cette infirmière. Ils sont donc hypothétiquement victimes », remarque Me Myriam Guedj Benayoun.

Combien de bébés ont été victimes des agissements pervers de l’infirmière de l’hôpital André Grégoire de Montreuil et de son ancien amant ? Les enquêteurs n’ont, pour l’heure, identifié que deux nourrissons ayant été agressés sexuellement par cette femme de 25 ans, employée dans un service de réanimation néonatale, et qui aurait agi à la demande d’un ancien amant âgé de 28 ans.

« Les parents des deux victimes identifiées ont été invités à se constituer partie civile par le juge d’instruction », a indiqué le procureur de la République de Bobigny. D’autres parents, dont les enfants ont été hospitalisés dans l’établissement en 2024 et 2025, ont également souhaité se porter civile, mais le magistrat instructeur a rejeté ces demandes.

Me Sarah Roumane, qui défend plusieurs familles, explique que celles-ci « sont extrêmement déçues par cette décision de la juge » et estiment être des victimes. « Elles veulent savoir si leur enfant a subi des agressions de la part des deux mis en examen », ajoute-t-elle. L’avocate souligne par ailleurs que le code de procédure pénale permet déjà de considérer certaines familles comme victimes lorsque des éléments le justifient, et que dans ces circonstances il peut sembler absurde de ne pas leur permettre d’accéder au dossier et de faire avancer l’enquête au travers de leurs plaintes. Elles ont un besoin de vérité.

« Ça va beaucoup plus loin »

Après la diffusion de plusieurs vidéos sur TikTok alertant sur « un scandale dans un hôpital du 93 », une femme s’est rendue au commissariat le 30 juillet pour se dénoncer et incriminer son ancien compagnon, qui a été interpellé le lendemain. Ils ont été mis en examen le 2 août et placés sous contrôle judiciaire. L’infirmière a également été suspendue à titre conservatoire par la direction du groupement hospitalier.

Début août, deux enfants victimes ont été identifiés dans l’exploitation des vidéos. « Je pense que ça ne se cantonne pas uniquement aux vidéos retrouvées, ça va beaucoup plus loin à mon sens », estime Me Roumane. Me Myriam Guedj Benayoun abonde dans le même sens : selon elle, les enquêteurs devraient trouver d’autres victimes en expertisant les supports numériques. « Elle a aussi pu filmer et diffuser les vidéos en live, ou le faire sans se filmer », indique-t-elle.

Me Guedj Benayoun a déposé huit constitutions de partie civile. « J’ai reçu six ordonnances d’irrecevabilité, j’attends pour les autres », déplore-t-elle, précisant avoir interjeté appel auprès de la chambre de l’instruction. Le procureur de la République précise que le juge d’instruction a été destinataire de 13 constitutions de partie civile concernant des nourrissons dans ce dossier, mais que « l’enquête, à ce stade, n’a pas permis d’établir qu’ils avaient été victimes ». Le magistrat rappelle que « seules les victimes certaines, qui ont directement souffert du dommage causé par l’infraction », peuvent accomplir une telle démarche. Il ajoute cependant que si les investigations mettaient en évidence l’existence de faits nouveaux concernant d’autres victimes, le juge d’instruction en serait supplétivement saisi, ce qui permettrait d’accueillir de nouvelles constitutions de partie civile.

Des familles traumatisées

« Mes clients ont hospitalisé leur enfant pendant la période où les faits ont été commis et ils ont croisé le chemin de cette infirmière. Ils sont donc hypothétiquement victimes », insiste Me Guedj Benayoun. L’avocate rappelle que le Code de procédure pénale permet, lorsqu’il existe certains éléments, de se constituer partie civile même si l’on n’a pas encore été formellement déclaré victime.

Elle représente des familles « traumatisées par ces faits et par leur révélation sur les réseaux sociaux ». « Elles se posent beaucoup de questions, il serait légitime de les laisser participer à la procédure », conclut l’avocate.

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