Sommaire
Soupçonné d’être à la tête d’un réseau orchestrant des enlèvements ciblant des personnalités du milieu des cryptomonnaies, Badiss Mohammed Bajjou, 24 ans, a été appréhendé mardi 3 juin à Tanger, au nord du Maroc. Ce Franco-Marocain, recherché dans plusieurs enquêtes en France, figurait parmi les dix individus les plus recherchés par Interpol.
Un profil trouble et un passé judiciaire chargé
Né au Chesnay dans les Yvelines en 2000, Badiss Mohammed Bajjou a grandi entre Bois-d’Arcy, Guyancourt et Versailles. Selon des sources, il aurait mené une vie instable, vivant seul avec sa mère, et affichant des comportements violents et ostentatoires, d’après les témoignages d’anciens voisins. Connu des services de police, son casier judiciaire recenserait une trentaine de mentions, principalement enregistrées durant sa minorité. Entre 2019 et 2022, il a exercé brièvement comme livreur de repas.
Un cerveau présumé des enlèvements dans le secteur de la cryptomonnaie
La justice française le soupçonne d’avoir planifié plusieurs enlèvements violents dans un contexte où les rançons étaient exigées en cryptomonnaies. Il serait impliqué dans plusieurs affaires, dont la première remonterait à 2023. Badiss Bajjou est notamment cité dans l’enlèvement très médiatisé de janvier dernier de David Balland, cofondateur de Ledger, et de sa compagne. Une vidéo montrant un doigt coupé avait alors été envoyée à un proche afin d’exiger une rançon.
Il est également lié à une série d’autres tentatives ou enlèvements réussis visant des proches de personnalités du monde de la cryptomonnaie, principalement à Paris et en région parisienne ces derniers mois.
Mandat d’arrêt et charges lourdes
Badiss Mohammed Bajjou faisait l’objet de deux notices rouges dans le cadre d’une arrestation provisoire aux fins d’extradition, ainsi que d’un mandat d’arrêt émis par un juge d’instruction de Versailles. Il fait face à plusieurs charges majeures : « extorsion en bande organisée », « enlèvement et séquestration avec demande de rançon », « complicité de violences aggravées », ainsi que « blanchiment d’argent » dans un contexte de criminalité transnationale. Une information judiciaire avait été ouverte en septembre 2023.
Une arrestation spectaculaire et une coopération judiciaire renforcée
L’arrestation a eu lieu à Tanger sous la supervision des autorités marocaines, en collaboration étroite avec les services français. Lors de la perquisition, les forces de l’ordre ont saisi de l’argent liquide, des armes blanches dont des épées et des coutelas, ainsi qu’une dizaine de téléphones portables. Badiss Bajjou demeure actuellement en garde à vue.
Gérald Darmanin a salué sur le réseau social X « l’excellente coopération judiciaire » entre Paris et Rabat dans la lutte contre la criminalité organisée.