Assassinat de Mehdi Kessaci: marche blanche sécurisée à Marseille

par Olivier
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Assassinat de Mehdi Kessaci: marche blanche sécurisée à Marseille
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  • Un rassemblement sous haute sécurité est attendu samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci, et pour dire non au trafic de drogue.
  • « Les moyens mis en place permettront à toutes les personnes qui se joignent au rassemblement contre le narcobanditisme de le faire en toute sécurité », assure la préfecture de police à Marseille.
  • D’autres initiatives sont annoncées dans quelque 25 villes.

Une marche blanche pour dire non au narcotrafic est organisée à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, assassiné la semaine précédente. Son frère, Amine Kessaci, militant écologiste et anti‑drogue, espère « des milliers de personnes » pour dénoncer le narcobanditisme. De nombreuses personnalités politiques, allant de LFI à LR, sont attendues pour soutenir le rassemblement.

« Mehdi, 20 ans, mort pour rien »

La famille appelle à se rassembler à 15 heures sur le rond‑point où Mehdi a été tué par deux hommes à moto, sous le mot d’ordre : « Justice pour Mehdi, 20 ans, mort pour rien ». D’autres initiatives similaires sont prévues dans une vingtaine de villes.

L’enquête est en cours ; une piste privilégiée est celle d’un « crime d’avertissement » visant son frère Amine, âgé de 22 ans. Sur RTL, Amine Kessaci a lancé un appel : « Si on veut garantir la sécurité de celles et ceux qui parlent, si les gens sont émus par l’histoire de Mehdi […] les gens doivent se réveiller, parce que si on est des milliers à prendre la parole, si on est des milliers à être dans la rue, on ne pourra pas tuer tout un peuple. »

Un rassemblement « en toute sécurité »

Le rassemblement se tiendra sous protection policière. La présence d’Amine reste incertaine : mardi, il avait assisté aux obsèques de son frère en portant un gilet pare‑balles. La famille avait déjà été frappée par un précédent drame en 2020, lorsque Brahim, un autre jeune de 20 ans, avait été retrouvé mort dans ce qui avait été qualifié de narchomicide après une plongée dans le trafic.

La préfecture de police de Marseille assure que « les moyens mis en place permettront à toutes les personnes qui se joignent au rassemblement contre le narcobanditisme de le faire en toute sécurité ». Le basculement de la violence dans l’espace public interpelle : en 2023, la mort de Socayna, tuée par une balle perdue alors qu’elle étudiait, avait été décrite comme « le degré ultime » des violences par l’ex‑procureure de Marseille. Pour Mehdi, qui rêvait de devenir policier, un nouveau cap dramatique a été franchi.

De nombreuses personnalités politiques attendues

Plusieurs responsables politiques devraient se déplacer pour la marche. Seront présents notamment le maire de Marseille, Benoît Payan (divers gauche), Marine Tondelier, cheffe des Écologistes (le parti d’Amine Kessaci), et Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste. Les députés Manuel Bompard et Sébastien Delogu, ce dernier candidat aux municipales marseillaises, ainsi que François Ruffin, sont également annoncés.

Le gouvernement sera représenté par sa porte‑parole Maud Bregeon et par Vincent Jeanbrun, ministre de la Ville et du Logement. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun‑Pivet, viendra « pour affirmer l’unité nationale dans la lutte contre le narcotrafic », selon son entourage. François‑Xavier Bellamy représentera Les Républicains, ce qui, d’après les organisateurs, couvre « l’ensemble du spectre politique républicain ». Du côté du Rassemblement national, aucune personnalité nationale n’est annoncée ; le député et candidat à la mairie de Marseille Franck Allisio n’a pas précisé sa participation.

« Ce qui remonte, c’est la peur »

Pour Anne‑Marie Tagawa, militante de 72 ans du Groupe de veille, le rassemblement sera « un moment de recueillement, mais aussi pour dire qu’on n’est pas d’accord avec ce qui se passe ». Selon elle, depuis une semaine le sujet occupe de nombreuses discussions avec les jeunes et les habitants des quartiers concernés : « Ce qui remonte, c’est la peur de ce qui se passe ».

Elle pointe « tout ce terreau qui est abandonné des institutions, de l’État, des plus hautes autorités », où d’autres acteurs trouvent intérêt à investir ces espaces pour en faire des lieux d’illégalité et instaurer des systèmes de violence. « Les gens sont déçus, émus, en colère », abonde Mami Timricht, autre militant associatif.

Une « belle mobilisation des quartiers »

Confrontées au narcotrafic, les autorités évoquent une menace « au moins équivalente à celle du terrorisme », tout en relevant une baisse du nombre de narchomicides dans les Bouches‑du‑Rhône : 50 en 2023, 24 en 2024 et une quinzaine depuis janvier 2025, selon un décompte de l’AFP.

Kader Benayed, porte‑parole du collectif KGBS, souhaite « une belle mobilisation des quartiers », mais s’interroge : « Là, tout le monde est passionné par cette marche, même au niveau de l’État, mais après ? »

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