Assassinat raciste dans le Var : une enquête antiterroriste s’ouvre

par Olivier
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Assassinat raciste dans le Var : une enquête antiterroriste s'ouvre
France

Deux jours après l’assassinat d’Hichem Miraoui par son voisin à Puget-sur-Argens dans le Var, le parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi de l’enquête. C’est une première : ce parquet spécialisé intervient pour un meurtre lié à la mouvance d’ultradroite, après la découverte de plusieurs vidéos du suspect appelant explicitement à s’en prendre aux étrangers.

Le profil de Christophe B., 53 ans et inconnu des services de police, a rapidement conduit les enquêteurs à exclure un simple différend de voisinage. Samedi soir, dans un quartier résidentiel calme, il a tiré cinq balles sur son voisin tunisien Hichem Miraoui, 46 ans, le tuant sur le coup. Il a également blessé à la main un ami kurde de la victime, âgé de 25 ans. Interpellé rapidement par le GIGN grâce à l’alerte donnée par sa compagne, Christophe B. était au volant de sa voiture contenant plusieurs armes, notamment un pistolet automatique, un fusil à pompe et une arme de poing, a précisé le procureur de Draguignan.

Lundi après-midi, après une évaluation approfondie des premiers éléments, le Pnat a ouvert une enquête pour assassinat et tentative d’assassinat « en relation avec une entreprise terroriste, commis en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion ». Bien que le parquet ait déjà été saisi dans une vingtaine d’affaires liées à l’ultradroite, principalement des projets d’attentats avortés, c’est la première fois qu’une enquête antiterroriste porte sur un meurtre efficace commis sous cette mouvance.

Des vidéos racistes et haineuses

Le dossier s’appuie notamment sur plusieurs vidéos diffusées par Christophe B. avant et après le meurtre. Passionné de tir sportif, il y exprime sans détour son hostilité envers les immigrés : « Sortez vos couilles, allez les chercher là où ils sont », « arrêtez de vous faire enculer par ces putains de bâtards de bicot », ou encore « tous les sans-papiers, les machins, je vais me les cartonner ». Il revendique avoir fait « allégeance au bleu-blanc-rouge ».

Dans une autre vidéo, il justifie son acte avec colère : « J’ai pété un plomb envers des voisins de merde, envers toute la racaille, toute la saloperie. » Il inscrit son geste dans un contexte politique, appelant à « bien voter », sans toutefois se revendiquer explicitement du Rassemblement National (RN).

Sa page Facebook, toujours accessible, témoigne d’une radicalisation qui s’étale sur plusieurs années. En mars 2023, il publie une photo d’un pistolet 9mm avec une cartouche, sous-entendant la chasse. En 2020, il adopte comme photo de profil une image d’un chevalier des Templiers, symbole chargé historiquement. En 2019, il commente un article sur les détenus radicalisés en écrivant : « y a intérêt de bien graissé les fusils ».

Un crime qui dépasse l’infraction individuelle

Le parquet antiterroriste distingue ce meurtre de celui commis fin avril dans le Gard contre Aboubakar Cissé, assassiné à la mosquée de La Grande-Combe. Malgré la nature raciste évidente de ce dernier, les autorités n’avaient pas retenu la qualification terroriste, estimant que les motivations étaient d’ordre personnel et liées à des troubles psychiatriques, sans revendication politique ni communautaire.

En revanche, le Pnat juge que l’acte de Christophe B. a une portée plus large : « La portée que le suspect a voulu donner à son action et l’objectif de troubler l’ordre public par la terreur dépassent l’infraction individuelle », souligne une source judiciaire. L’attentat ne se définit pas uniquement par sa méthode, mais par l’objectif de semer l’intimidation et la terreur au sein de la société.

Une saisine chargée de conséquences

La décision du Pnat entraîne une prise en charge par des services spécialisés, notamment la Sous-direction antiterroriste (Sdat) et la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Si la dimension terroriste est confirmée à l’issue de l’enquête, le suspect sera jugé devant une cour d’assises spécialement composée, encourant des peines plus lourdes, jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat terroriste.

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