Attaques dans les prisons françaises : une escalade inquiétante

par Olivier
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Attaques dans les prisons françaises : une escalade inquiétante
France

Les attaques contre les prisons françaises se multiplient depuis plusieurs jours, posant un défi sécuritaire majeur. Dans la nuit de mardi, des individus cagoulés ont dégradé la voiture d’un agent pénitentiaire à Villefranche-sur-Saône en lançant des pierres avant de disparaître, déclenchant l’ouverture d’une enquête par le parquet. Dans l’Oise, à Hermes, les lettres « DDPF » – pour « droits des prisonniers français » – ont été taguées sur le véhicule d’un surveillant ainsi que sur sa boîte aux lettres.

Plus au nord, dans le Calvados, une attaque plus violente a eu lieu vers 3 heures du matin avec l’incendie de cinq véhicules sur le parking du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de Caen. Là encore, les auteurs ont pris la fuite, laissant derrière eux des dégâts matériels importants.

Face à cette escalade, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a indiqué que plusieurs attaques avaient été empêchées grâce à un renforcement significatif des forces de l’ordre autour des établissements pénitentiaires. Dans l’Isère, par exemple, les gendarmes ont interpellé trois hommes à proximité de la prison de Grenoble-Varces en possession d’un jerrican d’essence de 10 litres, un geste qui suscite la vigilance des autorités. L’un des interpellés, mineur et sous contrôle judiciaire strict, a été placé en garde à vue. Néanmoins, une source proche de l’enquête appelle à la prudence, soulignant que la présence de ces individus pourrait être fortuite et que le lien avec les attaques reste à confirmer.

La veille, une maison voisine du domicile d’un surveillant à Villefontaine, proche de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, a été incendiée et criblée d’impacts de balle. Le graffiti « DDPF » a également été retrouvé sur la façade, ce qui souligne la progression inquiétante de ces agressions ciblées. Le parquet national antiterroriste a pris en charge ces investigations, englobant une série de 13 attaques recensées entre le 13 et le 21 avril dans neuf départements différents.

Ce mystérieux collectif, qui se fait appeler « DDPF » (Défense des Droits des Prisonniers Français), revendique ces assauts. Selon leurs propres messages diffusés sur la plateforme Telegram, ils entendent répondre aux mesures jugées répressives du ministère de la Justice, parmi lesquelles la baisse du temps de promenade, l’augmentation du tarif des communications téléphoniques, la suppression d’activités et les fouilles qualifiées d’humiliantes. Ce canal, suivi par près de 1 400 abonnés, affirmait ne pas être un groupe terroriste mais une organisation défendant les « droits de l’homme » en prison. Cependant, ce dernier a été supprimé peu après le début des attaques.

Au total, les incidents se traduisent par 21 véhicules incendiés et une dizaine d’autres vandalisés. Au sein du gouvernement, une hypothèse prédomine : ces attaques seraient liées au narcobanditisme, en particulier à l’approche de l’ouverture d’une première prison de haute sécurité destinée spécifiquement aux trafiquants de drogue. Cette théorie reflète les tensions croissantes autour du durcissement des conditions carcérales pour cette catégorie de détenus.

Frédéric Ploquin, journaliste spécialisé dans le banditisme, explique que peu importe l’origine exacte de ces actions – extrême gauche ou groupes criminels – elles sont aux prises avec le durcissement des régimes pénitentiaires liés au narcotrafic. Il rappelle que s’attaquer aux quartiers de haute sécurité a historiquement été une tactique revendiquée par l’extrême gauche. Toutefois, si les auteurs sont des bandes criminelles, la situation serait d’autant plus préoccupante : cela impliquerait une coordination organisée et simultanée à l’échelle nationale, orchestrée par une entité capable de mobiliser plusieurs groupes sur différents territoires.

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