Un chirurgien proctologue de Besançon se retrouve au cœur d’une affaire troublante après que plusieurs patients aient déposé des plaintes à son encontre. Près de cinquante personnes souffrent de graves séquelles suite à des interventions réalisées par ce praticien dans une polyclinique de la ville. Parmi elles, 37 plaintes ont été officiellement retenues, concernant des opérations ratées sur des hémorroïdes, ce qui a considérablement dégradé la qualité de vie de ces victimes, âgées de 27 à 70 ans.
Le 24 septembre, le praticien a été mis en examen pour « blessures involontaires ayant entraîné moins de trois mois d’interruption temporaire de travail, aggravées par la violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence », selon les déclarations d’Etienne Manteaux, procureur de la République. Ce dernier a précisé que le médecin, qui conteste toute responsabilité, a été placé sous contrôle judiciaire et interdit d’effectuer des actes chirurgicaux, risquant jusqu’à un an d’emprisonnement.
Des opérations irrespectueuses des risques
Âgé de 56 ans, le chirurgien exerçait dans une clinique privée et était connu pour promettre des « opérations miracles » pour traiter les hémorroïdes, sans que ses patients ne soient correctement informés des risques encourus. Beaucoup ont découvert, après leurs opérations, qu’ils souffraient de graves incontinences, ce qui a transformé leur quotidien en un véritable cauchemar. « Ces patients, après avoir été opérés, se recroquevillaient sur leur détresse », souligne le procureur. Certains se retrouvent dans des situations extrêmement difficiles, allant jusqu’à devoir porter des couches à un âge où ils espéraient retrouver une vie normale.
Un professionnel en contestation
Le praticien a cessé son activité en juin, suite à des révélations dans la presse, mais il a repris ses opérations en septembre. Il a par la suite fait appel de sa mise en examen. Selon ses dires, il se considère comme un excellent proctologue, attribuant les séquelles à un risque thérapeutique, tandis que les faits reprochés à sa pratique témoignent d’un « aspect sériel » préoccupant. Malgré les alertes de ses patients, il aurait continué à opérer de la même manière.
Au sein des 37 plaignants, trois avaient déjà engagé une action devant les tribunaux civils. Les expertises réalisées dans ce cadre soulignent un manque d’information tragique sur les risques liés aux opérations, ainsi que des défaillances dans la conduite des interventions. Il en ressort également qu’il existe peu de possibilités de chirurgie réparatrice pour ces victimes.