Les ennuis judiciaires de Mohamed Amra s’accumulent. La justice française a récupéré, mi-juin, les investigations menées en Roumanie sur une tentative de corruption à l’encontre de policiers roumains qui l’avaient interpellé en février, a indiqué mercredi le parquet de Paris, confirmant des informations antérieures. Son avocat n’a pas commenté.
Le ministère public a précisé avoir reçu le 15 mai « une dénonciation officielle des autorités roumaines, permettant aux autorités judiciaires françaises d’enquêter sur des faits de corruption dont Mohamed Amra est soupçonné en Roumanie ».
« Un à deux millions d’euros en cryptomonnaies »
Le parquet de Paris a saisi les juges d’instruction, de façon supplétive, le 17 juin pour des faits de corruption active d’agent public d’un État étranger. À ce stade, Mohamed Amra n’est pas mis en examen sur ce volet de l’enquête, selon une source proche du dossier.
Âgé de 31 ans, il s’était évadé en mai 2024 en Normandie avec l’aide de complices : un commando avait attaqué son fourgon pénitentiaire, tuant deux agents. L’enquête, instruite à Paris, a conduit à la mise en examen d’au moins 44 personnes.
Interpellé à Bucarest le 22 février après neuf mois de cavale, Mohamed Amra a été transféré, après son arrestation, au siège de l’Inspectorat général de la police roumaine (IGPR). Selon des éléments de l’enquête, alors qu’il se trouvait dans un bureau avec deux policiers, il leur a demandé en français s’il était possible de le libérer, leur proposant en échange « un à deux millions d’euros en cryptomonnaies », d’après un rapport de la direction nationale anticorruption roumaine.
« Il faut payer la grande somme juste maintenant »
Deux enquêteurs infiltrés de la police anticorruption sont ensuite intervenus, laissant progressivement l’accès à un téléphone à Mohamed Amra. Ce dernier a contacté, sans succès, plusieurs personnes de son cercle infractionnel — des citoyens étrangers de Colombie, d’Espagne et de France — pour faciliter le transfert de la somme, précise le rapport.
À un moment, il lance : « Urgent ! Réponds, mon frère, ensuite je peux sortir ! Il faut payer la grande somme juste maintenant ». D’après le rapport, Mohamed Amra a été bloqué par ses contacts sur une messagerie, possiblement par précaution après la révélation publique de son arrestation.
Transféré fin février de Roumanie en France, puis mis en examen à Paris et écroué, il est désormais détenu dans le nouveau quartier de haute sécurité de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).
