Dino Scala, surnommé le « violeur de la Sambre » en raison des agressions commises le long de la rivière Sambre, est réentendu par la justice dans le cadre de seize nouvelles accusations. Ces faits, datant de 1986 à 2009, comprennent deux viols, six tentatives de viol et six agressions sexuelles. L’ancien ouvrier du Nord, âgé aujourd’hui de 64 ans, a été mis en examen dans treize nouvelles affaires. Déjà condamné en juillet 2022 à vingt ans de réclusion criminelle pour 54 viols et agressions sexuelles commis entre 1988 et 2018, Dino Scala n’a admis en tout que quarante d’entre eux.
Cette audition attendue depuis près d’un an a été demandée par son avocate, Me Margaux Mathieu, afin que son client puisse enfin consulter les dossiers des faits qui lui sont reprochés. Jusqu’à présent, bien que principal suspect, Dino Scala n’avait pas accès au dossier, ce qui l’empêchait de se défendre efficacement. Son conseil soulignait le risque d’erreurs judiciaires, craignant que certains crimes commis par d’autres prédateurs de la région soient attribués à tort à Scala. En effet, plusieurs violeurs ont sévi dans les Hauts-de-France, complexifiant l’imputation des faits. Lors du procès initial, l’avocate avait critiqué des rapprochements effectués avec un « tamis à grosses mailles » et regretté la faiblesse de certains dossiers.
Des faits longtemps oubliés
En mars 2023, une nouvelle information judiciaire a été ouverte à Valenciennes, portant sur quatorze agressions initialement écartées après avoir été révélées lors de la première enquête. Dès le procès de 2022, l’avocate générale avait exprimé son étonnement face à ces dossiers laissés sans suite, sans explication claire. Le mode opératoire rappelait celui de Scala, avec un agresseur masqué, surgissant par derrière ses victimes, les immobilisant et les menaçant. Cependant, quelques différences, notamment dans la description physique ou du véhicule, avaient été relevées.
Parmi ces plaintes figure celle de Sylvie*, agressée en janvier 1987 alors qu’elle attendait le bus pour se rendre au lycée. Âgée de 17 ans à l’époque, elle est persuadée que Dino Scala est l’homme qui l’a attaquée. Trente-et-un ans plus tard, en lisant les témoignages d’autres victimes, elle a reconnu son agresseur. Son avocat, Me Emmanuel Riglaire, a confirmé sa conviction sans donner davantage de détails sur les investigations en cours.
Le temps, un obstacle majeur pour l’enquête
La complexité de cette affaire tient en grande partie à l’écoulement du temps. Pendant plus de trente ans, Dino Scala a échappé aux autorités malgré la présence d’ADN sur plusieurs scènes de crime. Son arrestation en 2018 fait suite à une nouvelle agression en Belgique durant laquelle sa voiture avait été filmée par une caméra de vidéosurveillance, fournissant une preuve matérielle décisive.
Les faits sur lesquels portent les nouvelles mises en examen remontent pour certains à près de quarante ans, et les plus récents à seize ans. Avec le temps, les témoignages deviennent moins précis et la collecte de preuves tangibles se complique, d’autant que certains dossiers ont été mal instruits et que des scellés ont disparu. Lors du premier procès, Dino Scala avait été acquitté de deux faits faute de preuves suffisantes : un viol et une tentative de viol commis en 2002, respectivement sur une femme handicapée et une adolescente.
Ces difficultés expliquent le délai entre l’ouverture de l’information judiciaire et cette audition. Pour engager de nouvelles poursuites, la justice doit s’appuyer sur des indices graves et concordants afin d’étayer les accusations portées contre le prédateur.