David Guyenne, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie, ainsi que deux autres personnes, ont été placés en garde à vue lundi dans le cadre d’une enquête portant sur des faits d’abus de biens sociaux, blanchiment, complicité et recel, a indiqué le parquet de Nouméa.
Cette affaire, initialement révélée par le média local La Voix du Caillou, a été confirmée par un communiqué du procureur de la République, Yves Dupas. Ce dernier précise que les interpellations ont eu lieu à 6 heures la veille, menées par les enquêteurs du service territorial de police judiciaire. Des perquisitions ont été effectuées tant aux domiciles qu’au sein des locaux professionnels des personnes mises en cause. Leur garde à vue a par ailleurs été prolongée de 24 heures ce mardi.
La CCI de Nouvelle-Calédonie a rappelé, dans un communiqué, la nécessité de respecter la présomption d’innocence, qualifiant la situation d’« ordre personnel ». Elle a également assuré poursuivre l’intégralité de ses missions au service de ses ressortissants, indépendamment de cette procédure.
Deux sociétés au cœur de l’enquête
L’enquête, ouverte à la suite d’une alerte des services fiscaux datée de janvier 2023, porte sur une opération présumée frauduleuse impliquant la SARL L’Édifice et la SCI Linoa. Ces deux sociétés sont cogérées par les trois personnes placées en garde à vue et concernent les exercices comptables de 2019 à 2021.
Les dirigeants de L’Édifice sont suspectés d’avoir fortement surévalué les parts sociales de la SCI Linoa, dont la valeur serait passée d’environ 8 euros en 2013 à plus de 8 000 euros en 2017. Ces parts auraient ensuite été rachetées par la SARL L’Édifice avant une opération de fusion-absorption entre les deux entités, pour un montant total de 9,2 millions d’euros.
Ce montage financier, réalisé au détriment des établissements bancaires qui ont financé l’opération, aurait conduit à un appauvrissement estimé à 16,8 millions d’euros de la société. Cette situation a rendu nécessaire la mise en place d’un plan de sauvegarde pour la SARL L’Édifice, décidé par le tribunal mixte de commerce en décembre 2024.
Selon le parquet, cette opération aurait permis aux associés, dont David Guyenne, d’en tirer un avantage personnel évalué par l’administration fiscale à 5,7 millions d’euros. Des mesures conservatoires ont été prises afin de saisir des avoirs criminels présents sur des comptes bancaires ainsi que des biens immobiliers.
