Généalogie génétique : un espoir pour résoudre le meurtre de Sabine

par Olivier
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Généalogie génétique : un espoir pour résoudre le meurtre de Sabine
France

Un ultime espoir s’offre à la famille Dumont, toujours en quête de vérité après le meurtre non élucidé de Sabine, âgée de 9 ans, en 1987 à Bièvre, dans l’Essonne. Ses cinq frères et sœurs prévoient d’organiser une conférence de presse le 30 juin prochain afin de solliciter l’aide du ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Ils sont convaincus qu’une avancée est possible grâce à la généalogie génétique, une technique récente qui pourrait permettre d’identifier, 38 ans après les faits, l’ADN masculin retrouvé sur les vêtements de Sabine. Des analyses complémentaires ont déjà été lancées, mais sans résultats probants à ce jour. « Quelque chose bloque », a confié la mère de Sabine, expliquant ainsi la nécessité de cette prise de parole publique.

Le 27 juin 1987, Sabine Dumont souhaitait peindre un dessin pour sa nièce tout juste née. Sa tante, Geneviève Dumont, se souvient : « Sabine ne sortait jamais seule, mais ce jour-là, elle a demandé la permission et je lui ai dit oui. Il y avait environ 600 mètres à parcourir depuis notre appartement jusqu’au magasin. » Sur le chemin du retour, la fillette disparut. Ses vêtements furent découverts le lendemain sur le bas-côté de la route nationale 118, alors que son corps sans vie gisait à 800 mètres de là, dissimulé dans les broussailles.

Une technique qui a fait ses preuves

Des traces de sperme ont été retrouvées sur les vêtements de Sabine. L’ADN masculin extrait de ces prélèvements, analysé dès les années 1990, est considéré comme l’empreinte génétique du meurtrier. Malgré des comparaisons régulières aux bases de données judiciaires françaises, aucun profil ne correspond. Cependant, la généalogie génétique offre une piste innovante : elle élargit les recherches aux bases de données des sociétés privées qui recueillent l’ADN de leurs clients, principalement dans un but de détermination des origines et de mise en lumière de liens familiaux indirecs via l’ADN partagé, comme l’explique l’entreprise MyHeritage.

Cette méthode a déjà permis d’identifier en décembre 2022 Bruno L., surnommé « le prédateur des bois », un homme suspecté de viols sur cinq adolescentes entre 1998 et 2008. Malgré les traces ADN retrouvées sur les scènes de crime, aucune correspondance n’était trouvée dans les fichiers judiciaires pendant plus de vingt ans. Ce coupable a finalement été identifié grâce à la généalogie génétique, avec l’aide du FBI. L’ADN avait permis de remonter à son arbre généalogique, à partir d’ancêtres décédés dans les années 1970.

Pas de résultat pour le moment

Aux États-Unis, cette approche a notamment permis l’arrestation en avril 2018 du « Golden State Killer », quarante ans après ses crimes en série. Elle a également servi à disculper un innocent en 2019 après une erreur judiciaire. Ainsi, Christopher Tapp, injustement condamné à vingt ans de prison pour un meurtre survenu en 1996, a pu être blanchi grâce à cette technologie.

Le meurtrier de Sabine pourrait donc être identifié si son profil ou celui d’un proche est présent dans une de ces bases de données. En France, environ 1,5 million de personnes auraient spontanément déposé leur ADN auprès de sociétés étrangères, souvent américaines. Selon Me Marine Allali, avocate de la famille Dumont, il faudrait qu’entre 1 et 2 % d’une population soient référencés pour remonter à un cousin éloigné, ce qui ouvre des perspectives sur l’identification possible du coupable.

Le pôle « cold cases » de Nanterre a demandé, en juin 2023, l’aide de la justice américaine pour comparer l’ADN prélevé sur les vêtements de la victime avec les bases de données disponibles outre-Atlantique. Cette démarche est pour l’instant restée sans aboutissement. Me Allali déplore les raisons administratives évoquées, qu’elle trouve incompréhensibles pour une famille qui attend depuis plusieurs décennies. Elle plaide pour un déblocage rapide de cette situation et, d’une manière plus générale, pour une évolution de l’usage de la généalogie génétique dans les enquêtes en France.

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