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Un Tunisien de 42 ans, Hichem Miraoui, a été tué en France dans ce que sa famille qualifie de crime raciste. Son corps a été rapatrié en Tunisie pour y être enterré, où une profonde émotion règne. La famille et l’entourage de la victime expriment une vive douleur, illustrée par les mots de sa sœur : « Nous vivons un vrai cauchemar ! »
Mercredi, la ville de Kairouan a accueilli les obsèques d’Hichem Miraoui, assassiné fin mai à Puget-sur-Argens dans le Var. Le suspect, un homme français de 53 ans, a été arrêté après avoir diffusé en ligne des propos à caractère haineux avant et après son geste meurtrier. Le 31 mai, Christophe Belgembe a abattu Hichem de cinq balles, blessant également un autre voisin d’origine turque. Le Parquet national antiterroriste a pris en charge l’enquête, le crime pouvant être requalifié en attentat à caractère raciste.
« Il est parti chercher une vie meilleure »
Dans la maison familiale modeste de Kairouan, la douleur est immense pour les six sœurs, deux frères et la mère du défunt. Monia, la sœur aînée, confie entre deux sanglots : « Hichem est resté dix ans à l’étranger et c’est dans un cercueil qu’il revient ! Qui peut supporter une telle douleur ! » L’arrivée du cercueil a été marquée par les cris et les larmes des proches.
Hichem avait quitté clandestinement la Tunisie après la révolution de 2011. Il était brièvement revenu au pays en 2015 avant de repartir en France. Selon sa famille, il devait obtenir sa carte de séjour en juillet et espérait revoir sa mère cet été, après dix années d’absence.
Un voisin décrit comme haineux
Installé récemment dans un nouveau logement à Puget-sur-Argens, Hichem Miraoui exercait comme coiffeur depuis sept ans. Son employeur, présent aux funérailles, insiste sur sa gentillesse : « C’était un homme très gentil. » Profondément bouleversé, il déplore : « Nous avons l’impression de ne plus avoir de valeur en France. »
Selon son entourage, Hichem évitait tout contact avec l’agresseur, un voisin connu pour ses propos racistes. Son employeur raconte que Hichem lui avait offert un plat de couscous en signe de générosité face à la haine. Son frère Adel réclame une peine exemplaire, estimant que seule une sanction sévère pourrait apaiser la famille.
Une plainte collective envisagée
L’avocat de la famille, Me Sefen Guez Guez, souligne la nécessité d’interroger la responsabilité collective de l’entourage du tireur, pour savoir s’il a été poussé à commettre ce crime atroce.
Présent à l’aéroport pour accueillir le corps avec des militants, Romdhane Ben Amor du Forum tunisien des droits économiques et sociaux appelle à une réaction collective : « Hichem est victime du discours de haine. Nous refusons qu’un tel discours soit adopté en Tunisie contre les migrants d’Afrique subsaharienne. »