L’assassinat mystérieux de Fabrice Vial en Corse en 2011

par Olivier
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L'assassinat mystérieux de Fabrice Vial en Corse en 2011
France

Par une nuit d’août 2011, un clair de lune éclaire tragiquement la fin de Fabrice Vial. Ce riche chef d’entreprise de 43 ans, 146e fortune de France en 2006 selon Challenges, se trouve sur le pont arrière de son yacht de 37 mètres, le Team Vip, amarré dans le golfe de Porto-Vecchio. Accompagné d’une jeune femme de 23 ans, rencontrée deux jours plus tôt en boîte de nuit, et de quelques invités, il partage une bouteille de champagne. Il est environ 1 heure du matin lorsque Fabrice Vial s’effondre, atteint par une balle tirée dans le dos depuis une embarcation située à une centaine de mètres. Malgré l’intervention rapide des secours, il décède sur place.

Une enquête judiciaire est immédiatement ouverte, confiée aux gendarmes d’Ajaccio. Pourtant, quatorze ans plus tard, l’identité du tireur et les motifs restent un mystère. En 2018, la juridiction interrégionale de Marseille prononce un non-lieu, mettant en pause l’espoir de découvrir un jour la vérité. L’ancien avocat de la famille, Me Jean-Pierre Darmon, avance que ce meurtre a soit profité à quelqu’un, soit était une sanction, sans pouvoir étayer ces hypothèses faute de preuves solides.

Un entrepreneur discret et un groupe en difficulté

À la tête de plusieurs usines en France, en Espagne, en Roumanie et en Bolivie, ainsi que de 69 magasins, Fabrice Vial avait fait fortune en reprenant l’entreprise familiale de menuiserie dans les années 1990. En 2009, il avait acquis le chantier naval Couach, fabricant de yachts de luxe basé à Gujan-Mestras, pour 1,5 million d’euros, reprenant une société alors en redressement judiciaire.

Cependant, ses affaires connaissent des difficultés financières croissantes : 15,9 millions d’euros de pertes en 2009, puis 3,4 millions en 2010. Un plan de sauvegarde est présenté au tribunal de commerce de Toulon quelques jours avant son assassinat, la décision finale devant être rendue le 22 septembre 2011.

Pour se détendre, Fabrice Vial choisit de se rendre en Corse, où son jet privé atterrit à Figari. Trois jours plus tard, il perd la vie sur son yacht. L’enquête révèle que le tireur, vraisemblablement un sniper, était positionné sur un zodiac incendié peu après les faits. La balle n’a jamais été retrouvée, probablement tombée à la mer. L’ancien avocat est persuadé que le tireur a bénéficié d’informations précises quant à la position de Fabrice sur le pont arrière, laissant penser à une préparation minutieuse et rapide de l’opération.

Une vie marquée par la discrétion et les menaces

Me Darmon décrit Fabrice Vial comme un entrepreneur extrêmement secret, « ne notant jamais rien » et cloisonnant strictement ses affaires. Il se souvient que le chef d’entreprise « se sentait menacé », évitant ses bureaux et recevant ses fournisseurs uniquement dans des hôtels.

Les autorités ont exploré diverses pistes, notamment des rumeurs de liens avec le trafic de cocaïne, qui n’ont donné aucun résultat concret. Elles ont également envisagé des connexions avec le banditisme corse, notamment en raison de ses liens amicaux avec des figures controversées de l’île. Malgré ces investigations, aucune preuve n’a pu confirmer ces hypothèses. L’avocat, après la publication d’un article en 2020, a tenté de transmettre de nouveaux éléments au parquet, sans succès.

Des pistes multiples et une enquête épuisante

Plusieurs autres pistes ont été considérées, comme l’hypothèse d’un client russe insatisfait du yacht ou celle de potentiels acheteurs chinois du groupe Couach. L’enquête, riche d’une soixantaine de volumes, a même mené les gendarmes en Amérique du Sud et en Russie. Malgré ces efforts, aucune preuve tangible n’a pu être rassemblée.

Selon Me Darmon, cette affaire est « beaucoup plus simple qu’elle n’y paraît », mais « des enjeux dépassant tout le monde ont instauré un mystère et une omerta ». L’avocat évoque des incohérences dans le dossier, dues aux nombreux silences et menaces pesant sur les témoins. Depuis sa retraite, personne n’a repris ce dossier complexe, et la famille a choisi de tourner la page.

Jean-Claude, le père de Fabrice, est décédé de chagrin quelques années après le drame. Le groupe Vial a finalement fermé ses portes en mai 2018, portant un coup sévère à l’entreprise familiale. La seule chance de voir cette enquête relancée réside désormais dans le pôle « cold cases » de Nanterre, créé en mars 2022, mais cela nécessiterait la volonté implicite de la famille.

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