Un vol audacieux en plein jour a eu lieu dans la cathédrale de Spoleto, en Ombrie, Italie. Le voleur a dérobé son précieux butin, une petite fiole de sang, derrière une grille en fer où elle était temporairement conservée. L’alarme ne s’est pas déclenchée et le cambrioleur a réussi à s’échapper. C’est la nuit du 23 septembre 2020 qu’un employé a découvert le vol. Ce n’était ni un tableau célèbre, ni des bijoux ou de l’argent, mais bien le sang du pape Saint Jean-Paul II, conservé dans un reliquaire en or et cristal. Ce vol constitue le quatrième et dernier en date ciblant cette précieuse relique.
Depuis la canonisation de Jean-Paul II par l’Église catholique en 2014, un processus incluant la vérification de miracles attribués au futur saint, les reliques liées à son sang sont devenues des cibles majeures pour les voleurs. Ce vol de 2020 n’a pas fait exception. La police a cru avoir identifié le suspect — dont le nom n’a pas été communiqué — mais la recherche à son domicile n’a pas permis de retrouver la fiole. Elle aurait très probablement été vendue sur le marché noir, où des collectionneurs s’arrachent ces reliques rares. Dans certains cas précédents, les autorités ont pu récupérer le sang du saint.
Le vol du tissu ensanglanté du pape en 2014
Le 13 mai 1981, Mehmet Ali Agca, un meurtrier turc en fuite, a tiré sur le pape Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre au Vatican. Le pape a survécu à cette tentative d’assassinat. Après sa mort en 2005 et sa canonisation, le cardinal Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire et conseiller du pape, a commencé à distribuer du sang de Jean-Paul II, recueilli par des médecins lors de l’attentat et ultérieurement. Ces reliques se présentent souvent sous forme de petites fioles de sang ou de morceaux de tissu tachés.
En 2016, à Cologne en Allemagne, des voleurs ont brisé une vitre à la base d’une statue du pape Jean-Paul II dans la cathédrale de la ville et ont dérobé un morceau de tissu taché de sang. Ce vol fait partie des nombreuses reliques catholiques jamais retrouvées. Le cardinal Dziwisz a offert plus tard à l’archevêque de Cologne une relique de remplacement contenant une goutte du sang du saint.
Dans un vol similaire en janvier 2014, deux voleurs ont dérobé un reliquaire contenant un morceau de tissu taché de sang, provenant du cossack (vêtement) porté par le pape lors de l’attentat. Ce reliquaire a été volé dans une petite église à L’Aquila, dans les Apennins italiens, où Jean-Paul II aimait skier. La police a rapidement retrouvé le reliquaire et le tissu, malgré quelques fils d’or manquants, et inculpé deux hommes locaux.
Un vol où les voleurs ignoraient ce qu’ils avaient pris
Alors que dans la plupart des vols de sang de Jean-Paul II les criminels savaient ce qu’ils prenaient, en 2012, trois voleurs dans un train italien ignoraient totalement la nature de leur butin. Deux ans avant la canonisation du pape, un prêtre voyageait dans un train en direction du nord depuis Rome, transportant une fiole de sang destinée à être exposée dans une banlieue romaine. Les voleurs ont dérobé son sac à dos, puis, sans savoir qu’ils avaient volé du sang du pape, ont jeté la fiole dans des buissons près de la gare de Marina di Cerveteri, où ils étaient descendus.
Ces vols étranges de sang ont suscité de nombreuses théories en ligne — allant des pratiques satanistes aux projets de clonage ou sociétés secrètes. La cause la plus plausible demeure la revente de ces reliques sur le marché noir, comme l’a suggéré la police pour le vol de 2020. Même si l’achat et la vente d’objets volés sont illégaux, le commerce des reliques est particulièrement tabou et rigoureusement interdit par l’Église catholique. Pourtant, il semble exister des collectionneurs prêts à enfreindre la loi et les interdits religieux pour s’approprier ces reliques sanglantes du saint pape Jean-Paul II.