Les Obus Déterrés : Un Héritage de Guerre Qui Fait Peur

par Olivier
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Les Obus Déterrés : Un Héritage de Guerre Qui Fait Peur
France

L’essentiel

  • Jeudi, dans le Nord, un septuagénaire est mort chez lui en manipulant un obus de la Seconde Guerre mondiale qui a explosé.
  • Dans les Hauts-de-France, ce sont environ cent tonnes de munitions qui sont récupérées chaque année par les démineurs de la Sécurité civile.
  • Ces munitions sont traitées dans l’urgence ou stockées en attendant leur destruction. Selon les démineurs, il resterait entre 300 et 400 ans de travail pour éliminer toutes les munitions présentes dans le sol.

Près de Cambrai, dans le Nord, un homme de 70 ans est décédé après l’explosion d’une tête d’obus de la Seconde Guerre mondiale qu’il manipulait dans son garage. Ce drame, rare, survient dans une région dont le sous-sol regorge pourtant d’obus déterrés et de munitions non explosées, parfois datant bien au-delà du XXe siècle. Le traitement de ces reliques dangereuses et encombrantes est assuré par les équipes de la Sécurité civile du centre de déminage d’Arras.

« D’habitude, les gens d’ici savent ce qu’il faut faire quand ils trouvent une munition », assure un chef d’équipe du centre de déminage, qui préfère rester anonyme. « Le monsieur qui est mort n’était pas un collectionneur, il a sans doute voulu tronçonner la tête de l’obus pour récupérer le laiton et ça a explosé », explique celui qui intervenait sur place. Pourtant, des procédures existent en cas de découverte d’un engin.

Déterminer le caractère d’urgence

Les ouvriers du BTP et les agriculteurs sont les plus souvent concernés, « à hauteur de plusieurs dizaines de tonnes de munitions par an », indique le démineur. Ces professionnels sont en général habitués : ils interrompent les travaux, contactent les services compétents et envoient une photo de l’engin, ce qui permet d’évaluer le degré d’urgence.

Selon le type de munition et son état, la Sécurité civile intervient immédiatement ou recommande une mise en sécurité, en attendant une intervention planifiée dans les jours suivants. La procédure normale consiste à transmettre les détails — photo et localisation précise — à la mairie, qui alerte la préfecture, laquelle transmet aux équipes de déminage.

Pour les démineurs, plusieurs options existent : « Soit la munition est trop sensible pour être déplacée et on doit la traiter sur place, soit on peut la transporter en toute sécurité. » Les munitions transportables sont acheminées vers le centre de stockage de Vimy, le plus important de France, puis conditionnées en caisses. Vimy permet de détruire des munitions isolées ou de petites quantités, mais face au volume retrouvé chaque année, des convois sont périodiquement organisés vers des centres spécialisés, par exemple à Sissonne ou à Cléry, pour des destructions massives.

Encore 300 ou 400 ans de travail

Il est difficile d’estimer précisément la quantité d’obus déterrés encore enfouis sous les Hauts-de-France. « Par rapport au tonnage que l’on récupère chaque année, on sait qu’on en a pour encore 300 ou 400 ans de travail derrière », estime le chef d’équipe. Cette estimation prend en compte les munitions tirées et non explosées, les munitions partiellement explosées et les stocks enfouis. Si le rythme de cent tonnes découvertes par an se maintient, il resterait donc plus de 40 000 tonnes d’obus enterrés.

À cela s’ajoute ce qui est régulièrement retrouvé sous le sable des plages ou dans la mer : mines marines et bombes aériennes relèvent du traitement par la marine nationale. Rien que sur l’année 2024, en Manche et en mer du Nord, les plongeurs démineurs de la marine ont détruit 200 engins, soit l’équivalent de 8 346 kg de TNT, selon la préfecture maritime.

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