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« Ils ont tiré dans le dos des enfants qui fuyaient » : cette image forte a marqué le procès. Ce vendredi, la cour d’assises de la Gironde a prononcé une peine de 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre d’Abdoulhadre Savane et Marwan Souane pour le meurtre de Lionel, un adolescent de 16 ans, abattu en 2021 dans le quartier des Aubiers à Bordeaux. Ce drame s’inscrit dans un contexte de rivalité entre bandes rivales.
Âgés de 24 et 25 ans, les deux condamnés devront purger une période de sûreté des deux tiers de leur peine. Yassine Salmi, désigné comme le chauffeur du commando, a été condamné à 25 ans de prison. Cinq autres prévenus ont écopé de peines allant d’une année avec sursis jusqu’à huit années d’emprisonnement ferme. Tous clament leur innocence et trois d’entre eux ont décidé de faire appel.
Témoins intimidés, preuves manquantes
Le soir du 2 janvier 2021, Lionel et un ami vendaient des gâteaux au pied de leur immeuble lorsque deux hommes cagoulés sont sortis d’une voiture Clio noire et ont ouvert le feu à l’arme automatique. L’adolescent a été tué, tandis que trois autres mineurs et un adulte ont été blessés. Selon l’accusation, le mobile de cette attaque est une guerre de territoires alimentée par des provocations sur fond de rivalité rap entre les quartiers bordelais des Aubiers et de Chantecrit.
Un avocat des parties civiles a souligné que ce crime portait clairement la « signature » des auteurs, évoquant notamment l’achat récent de cagoules et de gants avant les faits. L’avocat général a dénoncé un climat d’omerta durant l’enquête : témoins intimidés, preuves disparues et accusés restés silencieux. La salle d’audience était par ailleurs placée sous haute surveillance à cause d’une bagarre survenue dès l’ouverture du procès.
Défense et réactions
Du côté de la défense, les avocats contestent le dossier, soulignant l’absence d’arme retrouvée, d’ADN ou de vidéos exploitables. Me Christian Blazy a évoqué la possibilité d’un règlement de comptes extérieur, rappelant que la même arme utilisée lors de la fusillade avait servi dans une autre affaire en 2019.
Malgré les tensions, la famille de Lionel a accueilli la décision avec gravité mais soulagement. Rose Gneba, la mère de la victime, a confié : « Ça me soulage. Je n’ai pas envie de craquer. » Son beau-père a affirmé que « la justice a fait son travail ». Leur avocat Me Yann Herrera a ajouté que, même si cette décision ne suffira pas à les aider à se reconstruire, elle leur offre le sentiment d’avoir été entendus.
Le procès du meurtre de Lionel, 16 ans, abattu dans une cité bordelaise
