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Le principal suspect des meurtres des quatre hommes retrouvés dans la Seine, le 13 août dernier au niveau de Choisy‑le‑Roi, a été présenté dimanche matin à un juge, qui a prononcé sa mise en examen dans l’après‑midi. Le parquet de Créteil a annoncé qu’il allait demander son placement en détention provisoire. Fausse identité, profil, mobile… voici le point sur cet homme, soupçonné d’être un tueur en série et au centre de l’enquête sur les meurtres Seine.
Rappel des faits
L’affaire a débuté le mercredi 13 août, vers 13h30, quand les sapeurs‑pompiers de Paris sont intervenus non loin du pont de Choisy, qui relie la commune éponyme à Créteil. L’alerte a été donnée par un passager du RER C ayant aperçu un corps flottant dans la Seine.
Les autopsies et examens complémentaires ont mis en évidence des « lésions de violences, évocatrices d’une strangulation » sur deux corps, conduisant à l’ouverture d’enquêtes pour homicides confiées à la police judiciaire parisienne. Un troisième corps présente « une trace suspecte dont l’origine ne pouvait être déterminée », a précisé le parquet.
Qui sont les victimes ?
Il s’agit de quatre hommes : un Français de 48 ans, domicilié à Créteil et qui « pouvait fréquenter les abords du lieu de découverte des corps », un Algérien de 21 ans résidant à Choisy‑le‑Roi, et deux hommes sans domicile fixe, un Algérien de 21 ans et un Tunisien de 26 ans. Ces deux derniers, disparus respectivement depuis les 26 et 31 juillet, fréquentaient également les abords du lieu de découverte.
Les disparitions des deux autres victimes, algérienne et française, datent respectivement des 7 et 11 août. Parmi les constats, l’un des corps a été retrouvé le bas du corps « dénudé » et un autre avec le pantalon « baissé au niveau des chevilles ».
Que sait‑on sur le principal suspect ?
Peu d’informations ont filtré sur le mis en cause, dont l’identité demeure « incertaine », selon le parquet. Il s’était d’abord présenté sous l’identité d’un certain « Ahmed Ben Ali », né à Oran (Algérie) le 6 septembre 2000, mais s’appellerait en réalité Monji et serait de nationalité tunisienne. Ce jeune sans‑abri serait âgé d’une vingtaine d’années — « officiellement » 24 ans selon une source proche du dossier — et est décrit comme « de type nord‑africain et de nationalité non établie » par le parquet.
Depuis son interpellation, l’homme a répondu « succinctement aux enquêteurs sur ses éléments de vie » et a refusé de s’exprimer sur les faits. Il était, selon le parquet, « habituellement présent » sur les berges de la Seine non loin du lieu de découverte des corps.
Interpellé dans un centre de rétention administrative une semaine après la découverte des corps, il avait déjà croisé la route des forces de l’ordre : contrôlé le 5 août en possession de documents qui se révéleront appartenir à la deuxième victime identifiée, puis repéré le jour de la macabre découverte par les premiers policiers arrivés sur place. Il est par ailleurs connu de la justice pour un vol avec dégradation dans un véhicule commis en janvier — pour lequel il devait comparaître en septembre — et pour un recel de vol lié à son interpellation du 5 août.
Quel est le mobile ?
Le parquet n’avait pas, dimanche matin, précisé l’hypothèse privilégiée quant au mobile. L’enquête a toutefois mis en évidence des connexions entre les victimes, le suspect et le lieu de découverte des corps : « chacune des victimes, dans un temps concomitant à leur disparition », peut être reliée au suspect, a indiqué le parquet.
Un lien existe également entre chacune des victimes et le lieu de découverte, non loin d’un local technique abandonné fréquenté par des personnes sans domicile fixe. Ce bâtiment en béton, déserté et jonché de déchets, semble être occupé : matelas, couvertures et une chaise y ont été retrouvés. Les abords sont aussi connus comme étant un lieu de « cruising », c’est‑à‑dire un espace naturel ou urbain où peuvent se rencontrer des hommes homosexuels.
Une deuxième garde à vue d’un homme « en lien » avec le suspect et deux des victimes (également sans domicile fixe) a été levée samedi : « aucune charge n’a été retenue » contre lui à ce stade, précise le parquet.
Les investigations sur les quatre corps ont été réunies au sein d’une information judiciaire pour « meurtres en concours ». Cette qualification, « si elle n’aggrave pas la peine encourue pour meurtre », permet toutefois le recours à des techniques spéciales d’enquête et des gardes à vue pouvant aller jusqu’à 96 heures, contre 48 heures dans une procédure classique.
