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Le corps d’Agathe Hilairet, âgée de 28 ans, a été découvert dimanche par un promeneur dans un sous-bois au sud de Vivonne, dans la Vienne, non loin de la zone initiale de recherches. Cette zone, accidentée et comprenant de nombreux points d’eau, n’avait pas été explorée par les gendarmes durant la semaine intensive de ratissage mobilisant 110 hommes, des équipes cynophiles, des drones équipés de caméras thermiques ainsi qu’un hélicoptère. Agathe, joggeuse expérimentée, avait l’habitude de s’entraîner dans ce secteur.
Malgré la découverte du corps, l’enquête demeure complexe : l’autopsie n’a pas permis, à ce stade, de déterminer les causes du décès. Le procureur de la République de Poitiers, Cyril Lacombe, a précisé que des analyses complémentaires sont en cours. Le corps, restant plusieurs semaines exposé à une température élevée, a connu une dégradation rapide des tissus mous, rendant difficile la détection de blessures visibles à l’œil nu. Comme l’explique Jacques Dallest, magistrat honoraire, seules les fractures ou blessures par balles sont alors faciles à identifier, tandis que des affections telles que des plaies causées par une arme blanche peuvent passer inaperçues sous un tel état de décomposition.
Des expertises en cours pour éclaircir les circonstances
Pour tenter d’apporter des réponses, plusieurs expertises sont en cours, notamment une analyse approfondie des tissus et une étude minutieuse des ossements afin de détecter d’éventuelles micro-lésions. L’examen de l’environnement autour du corps est également crucial pour déterminer s’il est resté à l’emplacement de sa découverte tout au long de la décomposition ou s’il a été déplacé, à l’instar de cas précédents où des analyses de vêtements avaient permis de révéler un transfert du cadavre. Par ailleurs, une analyse toxicologique est en cours afin d’examiner la présence de substances potentiellement impliquées.
Jacques Dallest rappelle que, malgré les avancées de la science, il arrive fréquemment que la cause exacte du décès ne puisse être établie en raison de l’état du corps. Dans ces situations, l’objectif des experts est d’éliminer les hypothèses les moins probables pour concentrer l’enquête sur ce qui reste plausible. Pour le moment, aucune piste n’a clairement pris le dessus.
Multiples hypothèses encore ouvertes
Parmi les pistes envisagées, l’hypothèse du suicide n’est pas privilégiée, notamment parce que les enquêteurs ont relevé que la victime avait des projets à court et moyen terme. Cependant, cette possibilité n’est pas totalement écartée. Agathe Hilairet avait traversé un épisode dépressif et souffrait d’anorexie. Or, bien qu’aucune corde ou outil servant au suicide n’aient été retrouvés sur place, il est également suggéré que les suicides médicamenteux surviennent généralement au domicile, ce qui rend cette piste peu probable selon Jacques Dallest.
Une mort naturelle due à un malaise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral est également étudiée. Parallèlement, la piste criminelle demeure explorée, notamment en raison des circonstances inhabituelles et du fait que le corps n’a pas été retrouvé sur les itinéraires habituels d’Agathe. La possibilité d’une mauvaise rencontre, entraînant un décès suite à une agression, est prise en compte.
L’enquête ne se concentre pas uniquement sur le corps : une vingtaine d’enquêteurs de la cellule nationale est mobilisée depuis la disparition. Plus de 215 personnes ont été entendues et 900 informations collectées via un appel à témoins ont été vérifiées depuis trois semaines.
Analyse téléphonique et vidéo au cœur des investigations
Les enquêteurs procèdent à un travail approfondi sur les données téléphoniques, consistent à recenser et analyser toutes les communications enregistrées dans la zone afin de déceler d’éventuelles pistes : des lignes ayant borné dans le secteur, des trajets similaires à la même heure, ou encore des correspondants connus de la victime ou de la justice. Cette tâche fastidieuse peut durer plusieurs mois selon le volume des données à examiner.
Par ailleurs, bien que la disparition d’Agathe ait eu lieu en pleine campagne, sans couverture de caméras de vidéosurveillance, les enquêteurs ont réuni et examiné toutes les images disponibles dans les villes voisines. L’objectif est de repérer un véhicule ou un individu suspect, ou de retrouver la trace d’Agathe avant sa séance de jogging, afin d’éclaircir les zones d’ombre autour de cette disparition.