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« Ici deux bandes d’anarchistes. Nous revendiquons la responsabilité de l’attaque contre des installations électriques sur la Côte d’Azur. » Ce message de revendication a été publié dimanche sur le site d’extrême gauche Indymedia Nantes. Ses auteurs affirment être à l’origine des actes de sabotage qui ont provoqué un black-out de plusieurs heures samedi sur une partie du sud-est de la France. Un poste haute tension a été incendié à Tanneron dans le Var et un pylône a été scié à Villeneuve-Loubet dans les Alpes-Maritimes. Cette action visait notamment à perturber le Festival de Cannes, mais aussi à priver de courant les centres de recherche et les usines de Thales Alenia Space, l’aéroport et tous les autres établissements industriels, militaires et technologiques de la zone, précisent-ils dans leur texte non signé.
Le procureur de Grasse, Damien Savarzeix, a indiqué que la revendication diffusée sur ce site faisait l’objet d’une évaluation et que l’enquête se poursuit sur le fond. La piste du sabotage est néanmoins jugée crédible par une source proche de l’enquête. Ce n’est pas la première fois que des actes de sabotage sont revendiqués via l’une des antennes françaises d’Indymedia, un site anarcho-libertaire américain créé en 2009.
Un mode d’emploi pour « abattre des pylônes »
En 2017, plusieurs groupes avaient signalé avoir incendié des casernes de gendarmerie à Limoges et à Grenoble. En 2023, un communiqué anonyme se félicitait d’avoir scié les pieds d’un pylône électrique 225 kV aux alentours de La Motte-Servolex, près de Chambéry. L’année précédente, des militants affirmaient avoir saboté un pylône 225 000 volts sur la ligne principale alimentant en électricité le pôle chimico-industriel de Salindres dans le Gard.
Les sites Indymedia regroupent communiqués, revendications et tracts politiques de toutes les sensibilités de l’extrême gauche. « On y aborde tous les sujets de prédilection de la mouvance d’ultragauche : les ZAD, la Palestine, les retraites, les violences policières, la vidéosurveillance, Notre-Dame-des-Landes », explique Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques. On trouve aussi un mode d’emploi détaillé expliquant comment abattre des pylônes, avec schémas et liste des outils nécessaires. Ce manuel très ancien aurait été publié en 1988 dans un journal intitulé Insurrection.
Montrer la fragilité croissante du capitalisme
« L’idée du sabotage, qu’on retrouve notamment dans les écrits de Julien Coupat, repose sur l’observation qu’une société de plus en plus complexe et technologique peut être paralysée par des interventions ciblées aux effets dévastateurs », précise Jean-Yves Camus. Saboter un transformateur peut ainsi plonger une ville dans le noir et créer le chaos. L’objectif affiché est d’amener la population à une prise de conscience capable de déclencher une grève générale ou un début de révolution.
Ce mode d’action veut démontrer que, du fait de sa très forte dépendance aux nouvelles technologies, la société est fragile. Cette analyse propre à l’ultragauche vise à dénoncer la vulnérabilité croissante du capitalisme. Toutefois, elle génère surtout beaucoup de frustration et de colère parmi les victimes de ces actions, souligne le politologue.
En 2020, la mouvance d’ultragauche était également soupçonnée d’une série de sabotages d’antennes relais. Les auteurs d’un article publié sur Indymedia Nantes expliquaient même comment détruire ces équipements, dénonçant une surveillance grandissante permise par la 5G et l’intégration de l’intelligence artificielle. En 2024, ces groupes sont suspectés d’avoir commis des sabotages visant plusieurs lignes de trains à grande vitesse.
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