Pourquoi les tueurs en série réussissent les tests de détection de mensonges

par Olivier
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Pourquoi les tueurs en série réussissent les tests de détection de mensonges
États-Unis

Les détecteurs de mensonges, ou polygraphes, ne mesurent pas directement la véracité d’une déclaration. Leur principe repose sur l’observation des réponses physiologiques du sujet interrogé, telles que la fréquence cardiaque, la pression sanguine, la respiration ou la conductance de la peau, en réponse à des questions posées. Des questions de base sont d’abord posées pour établir une ligne de référence avant d’interroger sur des informations sensibles visant à provoquer une réaction. L’idée sous-jacente est que lorsqu’une personne est prise en flagrant délit de mensonge, son corps manifeste une réaction détectable. Cependant, ce mécanisme s’avère fragile puisque certains individus, notamment certains tueurs en série, ne présentent pas les réponses émotionnelles attendues.

Personne connectée à un détecteur de mensonges

Selon l’agent à la retraite du FBI John Douglas, expert en profilage criminel et auteur de Mindhunter: Inside the FBI’s Elite Serial Crime Unit, plusieurs tueurs en série, dont Ted Bundy et le Tueur de la rivière Green, ont réussi à passer ces tests à de multiples reprises. Leur particularité ? Ils ne ressentent pas l’anxiété ni le stress que ces situations provoqueraient chez une personne ordinaire, ce qui se traduit par une absence d’élévation du rythme cardiaque ou d’autres signes physiologiques associés au mensonge. John Douglas souligne que les réponses à ces tests sont imprévisibles et que le polygraphe peut produire un taux élevé de faux positifs, indiquant à tort qu’un individu ment alors que ce n’est pas le cas. Face à la complexité des réactions humaines, l’efficacité du polygraphe dans les enquêtes criminelles demeure donc très limitée.

Le lien entre psychopathie et tueurs en série

Ruban de police bloquant la scène de crime

Le terme « psychopathe » est souvent utilisé à tort et à travers dans le langage courant pour décrire une personne manipulatrice, insensible ou instable. Or, sur le plan psychologique, la psychopathie englobe un ensemble de traits bien précis, tels que l’absence d’empathie, de remords et même d’émotions. Ce phénomène est clairement illustré dans des témoignages en ligne d’individus se présentant comme psychopathes, comme Lewis Raymond Taylor dans une interview où il avoue ne pas ressentir de remords.

Face à un polygraphe qui mesure des réactions physiologiques liées à des émotions telles que l’anxiété, une personne souffrant de ces traits psychopathiques pourrait ne pas déclencher les réponses attendues. Ted Bundy, par exemple, a obtenu un score exceptionnellement élevé de 39 sur 40 à la Hare Psychopathy Checklist, un outil de référence pour évaluer la psychopathie. Bien que certains débats subsistent quant à la réalité de son passage au polygraphe, son cas illustre la corrélation entre psychopathie et capacité à maîtriser ses réactions aux tests de mensonge. Gary Ridgway, alias le Tueur de la rivière Green, est un autre exemple avéré : il a réussi un test polygraphique en 1984 malgré ses aveux ultérieurs de 48 meurtres.

Il est toutefois important de préciser que tous les tueurs en série ne sont pas des psychopathes. La psychopathie n’est pas une pathologie officielle mais plutôt un terme informel désignant un ensemble de traits de personnalité présents dans certains troubles comme le trouble de la personnalité antisociale ou borderline. Un tueur en série peut donc ne pas présenter ces caractéristiques et néanmoins réussir à déjouer un test polygraphique en raison des limites inhérentes à cet outil.

Le cas du tueur en série qui a réussi un polygraphe

Gary Ridgway lors d'une audience au tribunal

Il demeure difficile d’affirmer avec certitude pourquoi certains tueurs en série réussissent les tests de détection de mensonges. Selon John Douglas, une explication plausible est leur absence d’anxiété liée aux crimes commis, qu’ils justifient souvent à leurs propres yeux, ce qui se traduit par un contrôle émotionnel exceptionnel lors des interrogatoires. Toutefois, cette hypothèse reste spéculative en raison de la fiabilité discutable du polygraphe.

Parmi les rares données concrètes, seul Gary Ridgway, surnommé le Tueur de la rivière Green, a été formellement reconnu pour avoir passé et réussi un test polygraphique. En 1984, très tôt dans l’enquête, il a passé ce test sans éveiller de soupçon, malgré sa responsabilité avérée dans 48 meurtres survenus dans les années 1980 et 1990. Dans d’autres affaires célèbres, à l’instar de Jeffrey Dahmer, l’abondance de preuves matérielles a rendu inutiles les tests polygraphiques.

La réussite aux tests polygraphiques de tueurs comme Ridgway s’explique peut-être par leur profil psychopathique, caractérisé notamment par une absence d’anxiété. Cependant, l’incapacité des psychopathes à ressentir ou décrire certaines émotions rend difficile toute conclusion définitive sur les mécanismes les sous-jacents.

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